Le SITTOMAT en ébullition

Elus et ex-directeur condamnés pour corruption et prises illégales                                 d’intérêts

En début de semaine nous apprenions par la presse régionale que le tribunal correctionnel de Marseille venait de prononcer un  verdict sévère à l’encontre des sept prévenus au coeur d’une très longue et très lourde enquête.

Parmi les condamnés, l’ex-président du syndicat intercommunal de transport et de traitement des ordures ménagères de l’aire toulonnaise, J-G di Giorgio par ailleurs ancien adjoint au maire de Toulon et ex-vice-président du conseil départemental, l’ex-directeur du SITTOMAT, J-F Fogacci, Michel Ollagnier, directeur technique et adjoint au maire d’Ollioules

Ce qui leur est reproché  c’est “d’avoir laissé se développer une culture de la proximité entre décideurs publics et opérateurs privés au point de placer les premiers dans une relation d’obligés des seconds“…a dit le président du tribunal, ce qui crée “un climat de prises illégales d’intérêts systématiques…et une absence totale de contrôle par les élus.”

Rien que ça, après une bonne dizaine d’années d’enquête et de rapports de la Chambre régionale des comptes…qui étaient connus des procureurs successifs peu enclins à y regarder de plus près. Ils portaient sur les conditions de l’attribution au groupe Pizzorno en 2012 du marché du transport et du traitement des ordures ménagères, y ajoutant la gestion du site d’incinération de Lagoubran pour lequel Pizzorno n’était pas compétent. Il avait dû créer une société “Zéphire” pour la circonstance et remporté le marché devenu suspect.

D’ailleurs, le président de la société gestionnaire a été condamné à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende, ce qui peut paraître bien modeste au regard du marché de 470 millions d’euros pour 18 ans ! Un cadre de Zéphire a été condamné à 3 ans de prison dont 2 avec sursis et 100 000 euros d’amende.

Les  prévenus, auraient-ils été “accablés” par la justice comme le titre le quotidien ? J-G Di Giorgio et J-F Fogacci ont été condamnés à 4 ans et 5 ans de prison dont trois avec sursis, la prison ferme se fera à domicile sous bracelet. Avec perte des droits civiques pendant 5 ans et 15 000 euros d’amende au premier, 50 000 euros au second. L’adjoint d’Ollioules M. Ollagnier, 2 ans avec sursis, 20 000 euros d’amende et 5 ans de pertes des droits pour avoir accepté de représenter le Sitttomat et d’en être un salarié !

On peut juste se demander devant une telle réalité, de telles pratiques, si le cercle des initiés n’est pas plus large ainsi que la distribution des deniers publics à travers les sur-facturations notamment et l’insincérité des écritures comptables signalées dans les rapports ?

Que se serait-il passé si, en octobre 2012, une lettre anonyme adressée au parquet de Toulon n’avait pas enfin attiré l’attention ?

Pour la genèse du très lourd dossier du Sittomat, je vous invite à consulter les P.J publiées par TV83. (1)

On peut aussi rappeler que l’usine d’incinération construite par les CNIM en 1985 a fait beaucoup parler d’elle sous Maurice Arreckx, maire de Toulon, sénateur et président du conseil général, “patron de l’UDF”. Une grosse affaire de corruption éclatait, le concernant directement ainsi que le député PS, G. Durbec et quatre proches du sénateur-maire dont F. Foggaci adjoint, conseiller général et son neveu J-F, propulsé à la tête du SITTOMAT.

Les pots de vin obtenus du constructeur représentaient 8 millions de francs en 1995. Le PDG des CNIM et son prédécesseur ont été mis en examen, chargeant celui qui s’amusait d’être appelé le “parrain du Var” tout en obtempérant, chacun se tenant par la barbichette.

Et ce n’était pas le seul exemple de corruption en cours.

Après la condamnation récente d’H.Falco, tapant lui aussi dans la caisse publique tout en se justifiant, comment la parole publique n’en prendrait-elle pas un sérieux coup ? Il n’y a pas que dans le Var, malheureusement. Mais, depuis que le département a viré à droite en 1983 donnant à l’UDF une très forte majorité, on a vu se développer une gestion clanique et opaque, fondée sur des rapports étroits entre élus et chefs d’entreprises qui se comprennent très bien. Leur porosité relève de leurs convergences idéologiques et politiques.

Ce qui ne fait pas de tous les élus, y compris à droite, des élus complaisants et corruptibles.

Cela s’observe notamment dans le domaine des marchés publics relevant du BTP et de la gestion des déchets depuis la collecte en passant par le stockage, le transport, le tri et le traitement/recyclage.

Cette domination politique conduit au développement de la privatisation de l’économie en même temps qu’à celui des inégalités sociales, de la précarisation des emplois, de la baisse du niveau de vie des plus modestes, des colères sociales loin de se calmer malgré l’approche des vacances.

Notre pays, comme le monde, ont besoin de perspectives et de luttes permanentes pour améliorer leur condition, refuser les reculs et les dangers auxquels nous sommes confrontés. Pour faire respecter partout la dignité humaine et faire cesser les privilèges d’une minorité.

Exigeons l’exemplarité de celles et ceux qui décident et abusent de notre sort à l’entreprise et dans nos territoires. Mêlons-nous de ce qui nous concerne, faisons-nous entendre, obtenons des droits nouveaux, ne plus subir mais agir individuellement et collectivement..

C’est le peuple qui est souverain. Pas les “souverains” qui se prennent pour le peuple.

René Fredon

(1) https://www.tv83.info/2016/12/16/le-sittomat-dans-la-tourmente/

(2)https://www.ccomptes.fr/fr/publications/syndicat-mixte-intercommunal-de-transport-et-de-traitement-des-ordures-menageres-de-0

Le SITTOMAT en ébullition..