Les sondages n’avaient pas prévu une telle participation +10% sur 2014,  on en arrive à trouver satisfaisant qu’un Français sur deux ne vote pas, avant c’était pire ! Quel progrès de la démocratie ?Après la crise sociale et politique que nous venons de traverser on se demandait quelle en serait la traduction dans les urnes : si le pouvoir qui avait voulu en faire un duel avec le RN pour tenter de passer pour “progressiste”, face au “nationalisme” qui fait son miel de toutes les colères populaires quitte à s’asseoir dessus sauf s’il s’agit des migrants et autres menaces tenant à des considérations religieuses ou ethniques…

On est fixé : le RN a conforté son résultat de 2014 où il avait déjà réalisé le meilleur score (24,86% et 4,7 millions de voix). Le 26 mai, il obtient 5,2 millions de voix et 23,31%. (33,54 dans le Var)

Comme dit le Premier ministre, “on ne peut pas appeler ça une victoire…mais c’est un résultat honorable qui fait de la REM  le…premier parti de gouvernement !” Décidément toute la question c’est dêtre le premier quelque part. Premier de cordée, par exemple ?

Comme aurait dit Coluche : “tout le monde y gagne mais certains plus que d’autres”

 Macron, il est vrai, en libéral convaincu, donne naturellement confiance à une grande partie de l’électorat de droite, “centriste” notamment qui, celui-là, ne basculera pas vers le RN, lequel a déjà rallié de très nombreux cadres et électeurs de l’UMP/LR sensibles aux appels sécuritaires de l’extrême-droite qui ne dédaigne pas de séduire plus large encore.

Sinon comment expliquer la “douche froide” des LR de Wauquiez à 8,48% (9,61 dans le Var seulement) après le désastre de la présidentielle. Plus de la moitié des voix volatilisées ici qu’en 2014, de 82 389 ils tombent à 37 157…Où sont passées les 45 000 voix ?

Macron a peut-être limitée la casse mais il est loin du scénario qu’il avait échafaudé, faisant de “sa” victoire une condition de sa légitimité à poursuivre la mise en oeuvre de son programme anti-social en France et en Europe, évitant le débat sur le bilan de cette Europe de la finance, traînant les pieds concernant la transition écologique, l’harmonisation sociale et fiscale et nous offrant le spectacle d’un brexit qui frise le ridicule en s’éternisant, tandis que les Anglais élisent encore des députés…européens !

Pendant ce temps l’extrême-droite avance ses pions en France, en Italie, en Hongrie, en Allemagne, en Suède et ailleurs. En Autriche le FPÖ a lui aussi limité la casse après le scandale qui l’avait contraint, ces derniers jours, à quitter le gouvernement. Il obtient tout de même 17% ! C’est dire que le danger nationaliste n’y a guère reculé

Les Verts en 3è position

Surprise notable de ce scrutin peu réjouissant : le score d’EELV, 13,46%, nettement plus que les derniers sondages. Décalage -expliqué par les sondeurs- selon lequel le choix de 25% de ces électeurs s’était fait au dernier moment, pour beaucoup le dernier jour.

Du coup, les ministres de Macron ont fait assaut de bonnes intentions tout au long de la  soirée, jurant de leur volonté d’être à la hauteur des enjeux, ce que justement leur reprochait Y. Jadot trouvant assez révélateur la création d’un comité de défense écologique tenu trois jours avant le vote du 26 mai (?) comme par hasard…Près d’un an après le départ de Nicolas Hulot du gouvernement pour avoir dû “avaler son chapeau” à ce poste et servir de caution “écologiste” aux moindres frais.

.Tout le monde n’a pas forcément compris -et c’est là peut-être qu’il peut y avoir une divergence – que le libéralisme est incompatible avec les enjeux écologiques”, a-t-il notamment déclaré le 25 mai après avoir publié un ensemble de propositions sans donner d’indications sur son propre choix.

Dommage que ce débat, porté par quelques candidats à gauche, n’ait pas eu lieu, bien que le thème de l’écologie ait fait l’unanimité…sur son importance mais pas sur les moyens financiers à y consacrer pour répondre aux engagements pris par ceux qui ne les tiennent pas ! L’enthousiasme de la jeunesse sur cette question urgentissime est très encourageante.

Encore faut-il que la dimension politique -le choix de l’utilisation de l’argent public et de celui accumulé par le privé au détriment du public régulièrement évacué- devienne l’affaire des citoyens. Et sorte du cadre feutré des institutions -y compris non élues- au service des puissances d’argent par l’intermédiaire des lobbyes.C’est sans doute ce qui explique le contournement de cette question centrale qui a rendu insipide un débat politicien qui a pris la forme d’un plébiscite de la gestion de Macron et de son rôle dans une Europe que rejettent les peuples. Un faux duel entre partisans du système capitaliste.

Ce qui reste de la gauche, divisée, n’a pas inspiré confiance visiblement, la LFI n’a rassemblé que 6,6%, disant sa déception et le défaut de l’intervention des couches populaires, le PS rallié à Place publique, idem. Ils auront le même nombre d’élus : 5 ou 6.

Benoit Hamon à 3,3% et Ian Brossat (PCF) à 2,49% ce dernier malgré une campagne des plus dynamiques sur les thèmes centraux.

La question du rassemblement à gauche est plus que jamais posée. Elle est inséparable de la question du contenu, de la nécessité d’un dialogue entre militants certes, plus encore d’un engagement avec tous les acteurs sociaux pour résister et construire une union cohérente visant la transformation sociale, inséparable de la transition écologique.

Les municipales, en ligne de mire, vont se charger de réanimer le clivage gauche-droite que d’aucuns mettent entre parenthèses pour brouiller les cartes,  noyer les obstacles et nous enfermer dans le libéralisme. Tant qu’on n’a pas compris qu’il est dépassé et possible d’en sortir. Nous sommes capables de faire beaucoup mieux sans lui.

Notre quotidien est aussi fonction de la vision du monde que l’on a. Comment faire pour y vivre mieux ?

 

René Fredon

 

 

 

 

 

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