Le texte 3 “Pour un manifeste du PCF du XXIè siècle” a été placé en tête au plan national par les communistes. Avec 42,15% il devance le texte 1 porté par la direction sortante du PCF, 38%, le texte 2 “pour un printemps du communisme”, 11,95% et le texte 4 “reconstruire un parti de classe”, 7,90%.
Dans le Var, “le manifeste” a été plébiscité à 81% ! Le résultat de cette consultation des communistes a forcément une signification politique puisque ce texte devient la base commune pour le 38è congrès, ce qui est une première dans l’histoire du Parti depuis que des textes alternatifs à celui de la direction sont devenus statutaires.
Ce qui est aussi une preuve de la démocratie qui s’exprime -la base décide- et qui se poursuivra au congrès par le débat à partir du “Manifeste” pour qu’il s’enrichisse de l’apport de tous en vue de redonner des couleurs au communisme de notre temps, à nos apports aux luttes quotidiennes prioritaires, aux rassemblements les plus larges pour leur donner une perspective : le dépassement du capitalisme.
Le “Manifeste” se caractérise par la volonté de n’occulter aucune question, surtout pas celle du bilan et des causes de l’effacement du PCF, de son recul historique pour rompre avec les stratégies qui les ont accompagnées. Il ne s’agit pas de “chasse à l’homme” mais de débat sans tabou sur ce qui a désorienté bien des communistes. Le rôle des directions en fait partie.
Un exemple : aux présidentielles le parti soutient Mélenchon -à une courte majorité– mais pas son programme ! La conférence nationale avait majoritairement voté pour une candidature communiste mais la consultation des communistes avait inversé de peu le vote de la conférence.
Un des enjeux majeurs de ce congrès extraordinaire c’est de stopper cet effacement d’un parti trop à la remorque de formations qui tirent le contenu de l’union nécessaire vers le bas tout en faisant de la sur-enchère radicale. Il s’agit de passer à l’offensive sur le terrain des luttes et des propositions concrètes pour les nourrir de solutions immédiates répondant aux intérêts de toutes les victimes du libéralisme incarné par Macron et l’Europe du capital.
Il ne s’agit pas de ralliement derrière le PCF mais d’existence d’un PCF utile aux luttes comme à la transformation sociale, avec le communisme, non pas comme idéal abstrait, mais comme visée historique, processus mettant fin à la dictature de la finance et des marchés pour construire une société sans classe ni dominations, pluraliste et poussant l’éducation, la formation, la culture pour tous vers l’épanouissement de chacun et la maîtrise collective des processus de production centrés sur l’écologie et la satisfaction des besoins humains fondamentaux à l’échelle de la planète.
Le “manifeste” insiste sur notre capacité à relever les défis de la crise du capitalisme sur tous les plans, au moment où le racisme et la xénophobie prennent de l’ampleur à partir des mécontentements nés des politiques libérales et récupérés par des ultranationalistes qui se prétendent anti-système alors qu’ils sont les roues de secours du capital. Confortés par le pape qui appelle à criminaliser l’interruption de grossesse ! Quelle régression, quel appui aux forces les plus conservatrices à l’oeuvre partout, en France, en Europe et dans le monde.
Le “manifeste” appelle à un nouvel internationalisme pour relever le défi de la mondialisation capitaliste qui prenne à bras-le-corps les questions de la solidraité, des coopérations, de la paix…fortement mises en cause par les luttes inter-capitalistes à l’échelle de la planète et par les politiques d’austérité de plus en plus sévères imposées aux peuples.
Macron s’applique à démanteler tout ce que le modèle social français représentait dans le monde, depuis la Résistance. Des services publics privatisés à notre protection sociale et à notre système de retraites par répartition, tout y passe. Le MEDEF est aux anges. C’est ça leur “nouveau monde”!
Le mouvement social peine à trouver l’ampleur des ripostes nécessaires, même si les fronts de luttes sont nombreux. La gauche est émiettée. L’urgence pour le PCF, “c’est de construire une riposte politique, par la lutte des idées et les luttes sociales…une union populaire et politique agissant pour sortir de la crise…Et d’être présents à toutes les élections pour porter nos propositions originales”.
D’où le besoin d’un parti révolutionnaire nourri du marxisme vivant, pour animer les luttes et ouvrir des perspectives pour gagner. En privilégiant l’intervention politique des travailleurs.ses, des exclus.es du travail et de la société, est-il développé dans le “Manifeste”.
C’est ce souffle que le congrès est appelé à donner, à amplifier par l’apport de tous les communistes à un débat libre et serein. A ce propos il est dommage que le supplément de l’Huma du mercredi 10/10, “Commmuniste”, consacré aux résultats du vote, n’ait donné la parole qu’au seul représentant du texte de la direction pour en tirer les enseignements ? Et non pas à chacun des textes.
Les communistes, dans leur diversité, ont un bon mois pour poursuivre la réflexion, intervenir dans le débat pour que le congrès soit l’occasion non pas d’un clivage mais d’un échange franc et direct qui débouche sur un passage collectif à l’offensive avec des objectifs et une stratégie renouvelés.
René Fredon