En s’en prenant aux bénéficiaires de l’APL, le gouvernement Macron-Philippe lève un peu plus le voile sur le sens de sa politique : prendre dans la poche des plus pauvres pour faire des cadeaux aux plus riches…60 euros par an de moins, indifféremment, pour chacun des 6,5 millions de ménages qui en bénéficient -dont 800 000 étudiants- et ce, dès octobre prochain, il y a là comme une provocation à la décence qui soulève un tollé de réactions.

S’attaquer aux plus vulnérables et laisser s’aggraver la pénurie de logements sociaux en réduisant les crédits déjà très insuffisants dont vont disposer les collectivités territoriales, en dit long sur ce qu’est en train de mettre en place le nouveau pouvoir qui  prétend “assainir” les finances publiques et “redonner du pouvoir d’achat” aux plus pauvres tout en réduisant leurs impôts !!!

Triple supercherie assortie de procédés démagogiques comme l’affirmation qu’ils ne font qu’appliquer une mesure prévue dans le budget du gouvernement précédent, ce que conteste l’ancien ministre du budget ? Mais là n’est pas l’essentiel. Ils y pensaient aussi avant, avec Macron comme ministre de l’Economie.

Ils nous ressortent que “nos voisins dépensent moins que nous” (et alors, c’est qu’ils sont plus en retard sur le plan social !) et qu’ils ont d’aussi bons services publics (c’est à voir malgré les reculs en France), qu’il faut réduire tous les budgets au risque de creuser encore plus les inégalités…mais ils ne parlent jamais de l’urgence de s’attaquer à la spéculation immobilière, à la fraude et à l’évasion fiscales, au pouvoir des banques privées, à leur opacité et à leurs pratiques boursières.  En 2007, elles ont coûté des dizaines de milliers de milliards d’euros aux Etats donc aux contribuables pour renflouer les banques qui avaient failli.

Et ça continue de plus belle, comme si rien ne s’était passé. Il leur suffit d’affirmer qu’ils ont stabilisé la crise, qu’il n’y a pas d’autre alternative que de précariser l’emploi puisque les mutations au travail sont inévitables et occuperont moins de monde, donc préparons-nous à la purge c’est pour notre bien !

Comme si le progrès technologique était LE responsable du chômage et non pas les politiques qui le gèrent au profit des actionnaires, de la caste des milliardaires et des très hauts revenus qui voient leurs profits exploser en même temps que l’on appelle les peuples à l’effort et aux sacrifices que lui seul subit. Car il n’est que trop évident que de l’argent, il y en a et même beaucoup. Mais il est géré par ceux qui le possèdent ou/et par leurs fondés de pouvoir à la tête des gouvernements, des institutions financières et des médias.

Un pouvoir qu’ils ne partagent pas, pas davantage que l’argent qu’ils tirent de l’exploitation des salariés et des richesses pillées dans les pays pauvres accumulées depuis des siècles, objet des guerres d’aujourd’hui.

Qu’est-ce que c’est pour eux que ces 5 euros par mois qu’on demande à des ménages qui survivent avec quelques centaines d’euros par mois et par personne ? Rien, assurément. Ils ne comprennent même pas que ça puisse faire scandale. Evidemment, les députés LREM ne viennent pas de ces catégories sociales les plus défavorisées.

Il n’y a qu’à demander à ces 65 000 étudiants qui ne seront pas accueillis dans l’enseignement supérieur et dont un sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, à ces millions de ménages qui n’arrivent pas à tenir jusqu’à la fin du mois avec leurs maigres revenus, prestations sociales comprises ? Ils les humilient comme si l’équilibre de nos finances dépendaient d’eux. Ils s’apprêtent cyniquement à réduire l’impôt sur la fortune qu’ils voudraient même supprimer ! Les pauvres coûtent trop cher, voyons.

Et comme si ça ne suffisait pas, on nous prépare à la fin des tarifs réglementés du gaz, on sait ce que ça veut dire. Et ils osent prétendre que c’est pour augmenter notre pouvoir d’achat ?

Comme le déclare Jean-Paul Jambon, responsable départemental de la fondation Abbé Pierre, le gouvernement nous dit qu’il n’a pas le choix ? De qui se moque-t-il ? On a toujours le choix.

Par exemple, choisir entre réduire l’ISF pour les plus favorisés et réduire les AL pour les plus pauvres, c’est un choix, choix que vont apprécier les retraités à faibles ressoures, les familles monoparentales, les travailleurs pauvres, les étudiants…sans parler des familles pauvres dont l’un des enfants est étudiant, c’est la double peine…”

Il y a deux mois, la presse révélait que les 500 plus grandes fortunes de France avaient été multipliées par 7 en 22 ans, passant en 1996 de 80 milliards à 571 milliards en 2017. Une progression bien plus rapide que le PIB multiplié par 2 pendant cette même période. Le nombre de milliardaires est passé d’une dizaine à plus de 90  : ce n’est pas la crise pour tout le monde !

Ainsi la fortune de Serge Dassault, propriétaire du Figaro a été multipliée par 20, celle de Bernard Arnault, propriétaire du Parisien et Aujourd’hui en France par 17, comme celle de la famille Hermès….etc. Et nous ne parlons pas des sociétés qu’ils possèdent et dont ils tirent leur richesse. Ils savent profiter de toutes les ficelles de ce qu’ils appellent “l’optimisation fiscale”. Entendez la dissimulation et l’évasion fiscale d’autant plus efficaces qu’elles sont largement tolérées pour ne pas dire encouragées.

Et ils cherchent de l’argent ailleurs que dans les coffres de ceux qui en ont le plus ? Rien de bien étonnant d’ailleurs, ils en avaient la vocation. Beaucoup s’y sont laissé prendre.

Mais l’état de grâce aura été de courte durée. Reste la résistance à cette guerre à la pauvreté qui fait partie de tous les reculs sociaux à l’ordre du jour, comme des restrictions à nos libertés fondamentales et à la démocratie bafouée par la prééminence d’un président très bonapartiste.

Pour porter la riposte populaire à la hauteur des enjeux.

René Fredon

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Intervention de Pierre Laurent pour le groupe CRC au sénat en réponse au discours de politique générale du premier ministre

http://www.pcf.fr/101181

Vote de confiance. Allocution de Sébastien Jumel, Député de Seine-Maritime

http://66.pcf.fr/101255

Baisse des aides au logement APL : le libéralisme  à l’oeuvre :

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