Comme partout en France, les élections municipales ont été marquées par une abstention record vu le contexte sanitaire : près de 56% en moyenne nationale, contre 36,45 en 2014, ce qui était déjà beaucoup pour des municipales.

Le contexte étant le même pour tout l’hexagone, les 20% de plus d’abstentionnistes sont à l’évidence à mettre au compte de l’amplification de l’inquiétude, voire de l’anxiété justifiées par les dispositifs annoncés pour enrayer la progression du virus. Il est désormais question de confinement à grande échelle.

Le président annonçait dès jeudi la fermeture des écoles, des maternelles à l’université en même temps qu’il assurait qu’appeler 45 millions d’électrices et électeurs était compatible avec l’évolution maîtrisée de la situation sanitaire inédite. Sous couvert de l’avis favorable du comité scientifique et avec l’aval de tous les partis.

A peine le vote avait-il débuté -il s’est déroulé de manière satisfaisante, nous dit-on- que les commentaires allaient bon train pour reporter le second tour sous prétexte que les conditions de vote ne s’avéraient pas pertinentes, d’un double point de vue sanitaire et démocratique vu l’abstention qui se matérialisait.

On est donc toujours dans l’incertitude de la décision qui doit être prise -ou non- de maintenir le second tour pour le 22 ou de le différer.

Pour ce qui est des résultats nationaux, ils confirment une poussée des listes écologistes susceptibles de l’emporter dans de grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon et d’autres, une bonne tenue de la gauche unie à Paris en ballotage favorable, à Lille, Nantes… ou à Marseille qui pourrait changer de camp, la prime au sortant jouant le plus souvent en faveur des maires de droite comme de gauche ainsi que des maires RN.

LREM embourbée dans des conflits sociaux de longue et de forte intensité, arc-boutée sur sa contre-réforme des retraites très majoritairement contestée a été lourdement sanctionnée  dans les urnes. Sans conquête significative le parti du président restera marginal. Le 1er ministre est talonné au Havre par la liste du député communiste en ballotage favorable.

Dans le Var, H.Falco est réélu dès le 1er tour ainsi que R. Strambio à Draguignan, D. Bremond à Brignoles, T. Albertini à La Valette, D. Rachline à Fréjus, F. Masquelier à Saint-Raphaël…

A Toulon, avec 61,39% H. Falco devance le RN qui se tasse à 15% (au lieu de 20% en 2014) ainsi que la gauche unie à 9,13% (14% en 2014). La candidate LREM n’atteignant que 7,33% des suffrages exprimés. L’abstention s’y est élevée à 59,14% !

A La Seyne, la situation est ouverte, le maire sortant M.Vuillemot virant en tête, juste devant sa conccurente LR, Nathalie Bicais, suivie par le candidat EELV, P. Patentreger qui devrait (logiquement) s’allier au maire pour garder la ville à gauche.

A Hyères, avec un petit 33,46% le maire LR sortant JP Giran est sous la menace d’une alliance des divers droite, LREM compris. Abstention 61,78%.

A La Garde, le député JL Masson, ancien maire, frise la majorité absolue (48,19%) mais il est suivi à 37,98 par le candidat LREM qui se dit divers gauche ! Le candidat d’union de la gauche est à 13,81. Le résultat n’est pas acquis pour le premier, compte tenu de l’ampleur de l’abstention (65,55) et de l’absence d’alliance ou de désistement puisqu’il n’y a que trois listes.

A La Valette le maire sortant LR, T. Albertini est réélu avec 64,34%, en l’absence de liste de gauche et écologiste. Il devance très largement les candidats LREM et RN.

 A Six-Fours record d’abstentions : 67,50% ! Le maire sortant, JS Vialatte avec 44,14% distance nettement les autres candidats même si celui du RN, F. Boccaletti réalise 21,63%.  Les trois autres listes ne sont pas en mesure de se maintenir. Le ballotage est favorable au sortant.

 A Draguignan, le maire divers droite, R. Strambio a assuré sa réélection avec 53,54%.” A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”. Il y avait quatre listes, toutes de droite.

 A Brignoles le candidat des LR soutenue par LREM, D. Bremond bat tous les records avec 79,07% ! Là encore il n’y avait que deux listes…de droite. Mais aussi 62,37% d’abstentions.

 A Saint-Raphaël le sortant LR, F. Masquelier avec 57,14% a pris ses distances avec les 5 autres listes, le second RN n’étant qu’à 12,64%

 Il ne s’agit que d’un échantillon des plus grandes communes. La carte politique du Var ne subira pas de bouleversement. La droite y reste manifestement dominante.

 Où va la démocratie…quand elle finit par dissuader autant de citoyens à donner leur avis sur les affaires de la commune et de la nation, sinon à la dérive ? Au point qu’ils remettent en cause les institutions censées les représenter et répondre à leurs besoins collectifs. A commencer par la constitution.

 Ils sont de moins en moins enclins à s’investir pour prendre en mains directement les affaires de leur commune pour s’assurer que c’est bien l’intérêt général qui guide les élus et non leurs intérêts propres ou ceux de la classe des privilégiés à laquelle appartiennent certains, à tous les étages.

 Ce constat ne devient pas obsolète parce que nous traversons une crise sanitaire d’ampleur exceptionnelle. Certes elle amplifie la tendance mais elle ne l’explique pas. Les abstentionnistes pour cause d’incohérence entre consignes d’extrême prudence et maintien du vote, sont encore moins à culpabiliser.

Il s’ensuit une situation assez ubuesque où l’on s’attend à une décision de report du second tour alors que nous en sommes au même point qu’au premier ! Entre “reste chez toi” et “va voter” il va falloir choisir. Macron s’est mis dans une situation des plus inconfortables.

 Pour être cohérent il va devoir nous assigner à résidence et prendre des dispositions contraignantes tout en validant le 1er tour. Et en faisant la transparence sur l’avis de son conseil scientifique et sur celui des présidents de groupes et de partis.

Etant entendu que ce qui prime c’est, naturellement, le défi sanitaire qui nous concerne tous directement

 On en saura plus dans quelques heures.

 René Fredon

 

 

 

 

 

 

Municipales 2020 sur fond de crise sanitaire ,Un 2è tour peu probable