Pendant que Macron se grattait la tête pour savoir s’il fallait accueillir ou  non l’Aquarius et ses 141 passagers -sauvés au large de la Lybie- qui tournaient en rond autour de Malte, l’Italien Salvini, chef de la Ligue et ministre de l’intérieur avait répété que son pays n’accueillerait aucun migrant. L’Europe étalait, une fois de plus, son impuissance devant les diktats de l’Italie et de quelques autres pays-membres !

Pendant ce temps des propositions se faisaient entendre, notamment en France, soutenues par les associations d’aide aux migrants ainsi que SOS Méditerrannée. Le port de Sète était prêt à recevoir le bateau pour des raisons purement humanitaires déclarait son président, Jean-Claude Gayssot.

De son havre d’été de Brégançon, le président Macron faisait savoir par l’Elysée qu’une “solution” avait été trouvée au niveau européen, après cinq jours de crise. L’Aquarius pouvait accoster à Malte,  trois pays méditerranéens, la France, l’Espagne et le Portugal  ainsi que l’Allemagne et le Luxembourg se partageant l’accueil.

Mais il n’avait pas voulu répondre spontanément et contrarier son voisin italien résolu à exploiter cette situation d’hésitation d’une UE de plus en plus paralysée par la montée en puissance des populistes d’extrême-droite mêlés en Italie à ceux qui ne se voulaient ni de droite ni de gauche, le M5S. Il pactise avec l’extrême-droite sans trop d’état d’âme !

A noter, qu’à part la Corse qui a mis ses quais à la disposition de l’Aquarius et le port de Sète -sous gestion régionale- on n’en a pas entendu d’autres ou alors ça nous a échappé. Rien de Marseille, rien de Toulon, rien de Nice pour ne prendre que les plus grands ports. Leurs maires, comme celui de Sète d’ailleurs, sont restés muets, tous LR, simple coïncidence.

 A Nice, le maire Estrosi, avait proclamé une réponse aussi brève que claire : “à Nice, jamais” ! Le député LR Ciotti s’est également montré à la hauteur de Salvini, déclarant que “Nice ne doit pas devenir un nouveau Lampedusa et servir à alimenter les filières de traite humaine...” trouvant “troubles” les objectifs des associations -dont Médecins sans frontières- qui affrètent le navire avec SOS-Méditerranée  !!

C’est qu’il faut  être à la “hauteur” de Mme. Le Pen : Ce n’est pas au communiste J-C Gayssot de décider de notre politique migratoire…l’Etat doit enfin envoyer le signal de la fermeté qui s’impose et fermer nos ports aux navires de migrants” !

Quant à son ami le sénateur Ravier de Marseille il n’est pas en reste dans le style-maison :

Ces clandestins doivent être reconduits dans leur pays d’origine, où on nous dit qu’il y a la guerre. Ces jeunes hommes sont en bonne santé: plutôt que de prendre le bateau, ils feraient mieux de prendre les armes, pour défendre leur patrie et protéger leur famille !…

Les ONG …« elles s’associent avec des mafias de passeurs qui s’enrichissent sur ce trafic humain, car c’est bien de cela qu’il s’agit….”  

 On ne sera pas surpris par la violence, le mépris, la teneur du discours qui constitue leur fonds de commerce électoral invariable destiné à renvoyer la cause de l’existence d’un problème migratoire réel et qui n’est pas prêt de se tarir, sur les victimes des guerres qui n’en finissent pas au Moyen-Orient et en Afrique notamment dont sont originaires celles et ceux qui fuient les guerres, les persécutions, les destructions, les dictatures dont certaines sont nos alliées…

Ils piétinent l’action humanitaire qui se développe, tandis qu’ils promeuvent des actions musclées à nos frontières totalement illégales visant à refouler les migrants et pas les profiteurs du chaos qui règne et qu’il faudrait chercher parmi les investisseurs de haut-vol qui vendent les armes et leurs “services” à des dirigeants qui leur sont le plus souvent très reconnaissants.

L‘urgence la plus élémentaire, c’est d’accueillir celles et ceux qui fuient des conditions de vie insupportables, non pas “pour attirer toute la misère du monde” mais pour faire acte d’humanité. L’Aquarius avait sauvé la vie de 141 personnes (Erythréens et Somaliens) dont une moitié de mineurs et un tiers de femmes, certaines enceintes. Comment peut-on refuser de porter secours à des gens qui ont failli perdre la vie et qui sont des victimes, pas des coupables ?

Le scandale c‘est aussi de s’en prendre à celles et ceux qui se dévouent pour répondre aux appels “au secours”. Cela ne résoudra pas les conflits qui provoquent ces migrations, ni la crise profonde dont nous ne sortons pas. Ils sont d’ordre politique, économique, écologique, géo-stratégique et appellent une évolution des mentalités et des changements de cap pour que les causes -les intérêts privés qui commandent les choix des gouvernements- puissent être éradiquées.

Il ne saurait y avoir de délit de fraternité. Le combat de Cedric Herrou est parfaitement légitime, comme celui de tant d’autres qui n’apprécient pas les muselières et ne se laissent pas impressionner. Pour eux, chaque être humain a droit au respect et à la dignité, à plus forte raison quand il est dans le besoin.

L’aspiration des peuples reste plus que jamais la paix, le désarmement, les coopérations pour un développement durable…pas les dominations, les exploitations, l’épuisement des ressources naturelles et le creusement des inégalités qui en résultent.

Il y a 500 ans Thomas Müntzer, le pasteur réformiste allemand, dans la lignée de Martin Luther, rejoignait les paysans en guerre contre leurs tyrans et s’inspirait de cette idée qui n’a pas fini de hanter certains esprits, surtout chez les privilégiés : “Omnia sunt communia” autrement dit “Tout est commun”.

C’était le temps des grandes découvertes précédant la colonisation du monde venue d’Europe pour l’accaparement des terres et des minerais précieux qu’elles contiennent. Il dure encore.

René Fredon

 

 

 

 

Migrants : Ciotti-Le Pen-Ravier…même combat !

Laisser un commentaire