Macron : échec cinglant

Il bâillonne le parlement et s’assoit sur le peuple !

C’est l’histoire d’un mec“...qui se prenait pour Jupiter…et qui avait décidé d’imposer aux salariés.es de travailler jusqu’à 64 ans sous le prétexte fallacieux que le système était en danger et qu’il coûtait trop cher !

 

Il ajoutait que l’on vivait plus longtemps et que l’on pouvait bien travailler aussi plus longtemps tout en omettant de dire que la productivité n’arrêtait pas d’augmenter, au bénéfice des actionnaires des plus gros actionnaires. Une arnaque mal ficelée.

 

Bref, en tant qu’ancien directeur d’une banque d’affaires, il répondait fort bien aux objectifs économiques et financiers qui entendent effacer de notre histoire singulière la création, dès la Libération, d’un système social révolutionnaire administré par les patrons et les salariés.es dit “par répartition «fondé sur la solidarité

 

Depuis des mois, la contre-réforme de Macron a suscité de jour en jour une méfiance accrue justifiée comme l’ont montré les mobilisations sociales successives, calmes et puissantes, à l’appel d’une intersyndicale très soudée, qui ont rassemblé des millions de salariés.es, de retraités.es, de jeunes, du jamais vu, au point que le pouvoir a précipité le processus de prétendues “négociations”, Jupiter, refusant in fine de recevoir les syndicats devant sa volonté d’en finir…quoi qu’il en coûte !

Pour lui, les choses se compliquaient vu l’ampleur et la durée de la résistance populaire qui se répercutait sur les députés les plus fidèles proches du président, minoritaires au parlement et sur ceux du LR, divisés en trois groupes qui ne suffisaient pas à faire une majorité. Malgré des pressions énormes sur des députés de droite, pas prêts de monter dans la barque percée de Macron.

 

Il aurait bien voulu, dit-il, avec une bonne dose d’hypocrisie, que le parlement se prononce sur une pareille décision, laissant à la première ministre le soin de trouver une majorité ! Echec. Macron a décidé sans état d’âme, de passer en force en recourant au 49-3 figurant dans la constitution certes mais qui relève d’une forfaiture s’agissant d’une telle décision qui va affecter lourdement la vie de dizaine de millions de  Françaises, sans leur garantir le maintien de leur pouvoir d’achat. Et sans l’avis du parlement ?

 

Une décision qui a pour but de préparer la transition rapide vers la “capitalisation” (chacun cotisera et touchera en fonction de ses placements bancaires), soit une régression sociale majeure. Ce que deux Français sur trois condamnent et neuf salariés.es sur dix. Et un président n’en tiendrait aucun compte ?! Inconcevable.

 

Ce qui a soulevé un tollé au parlement, à gauche, à l’annonce de ce renoncement, véritable  coup de force tandis que des dizaines de milliers de citoyens envahissaient la Concorde où les forces de police ont fait preuve de provocations gratuites.

 

D’autres rassemblements spontanés se formaient dans de nombreuses villes pour dire leur colère de, non seulement ignorer le peuple méprisé des mois durant, mais refuser le vote du parlement de crainte d’être mis en minorité ! Quel courage ? Quelle démocratie ? Quelle mentalité ?

 

En soirée, l’intersyndicale toujours aussi unie et combative, appelait à continuer le combat : Réforme des retraites : pour le retrait on continue !(1) “Forte du soutien de la grande majorité de la population, mobilisée depuis des semaines, l’intersyndicale continue à exiger  le retrait de cette réforme en toute indépendance dans des actions calmes et déterminées. Elle décide de poursuivre la mobilisation et appelle à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grèves et manifestations le jeudi 23 mars prochain”.

 

Une situation nouvelle et à hauts risques se trouve ainsi ouverte. Avec des tractations au sein du parlement autour de motions de censure qui s’annoncent sur plusieurs bancs. LR a fait savoir qu’elle n’en soutiendrait aucune par la voix d’E.Ciotti qui avait promis à Macron son soutien, de fait très partiel. Olivier Marleix s’abstient également,  Aurélien Pradié  garde sa liberté de choix.

 

L’extrême-droite annonce une liste. Le groupe LIOT (députés indépendants d’outre-mer) en annonce une que LFI, le PCF, les Verts envisageraient de soutenir. Les dés ne sont pas jetés à cette heure.

 

Ce qui est sûr, c’est que l’on est entré dans une crise politique de taille, ouverte par Macron mis en minorité qui ne pourra pas mettre au compte des syndicats les conséquences de ses choix de classe et idéologiques sur l’économie déjà très à l’épreuve.

 

C’est au contraire le mouvement social qui, par sa détermination, son élargissement, ses initiatives du local au national…a la possibilité de pousser Macron à retirer son projet quitte à le soumettre à un référendum d’intérêt partagé.

 

 

René Fredon

 

(1)

https://www.cfdt.fr/portail/presse/communiques-de-presse/communique-intersyndical-reforme-des-retraites-pour-le-retrait-on-continue-srv2_1282942

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