Ce dimanche 7 mars, je viens, une fois de plus, d’essayer de m’inscrire au centre de vaccination de Toulon faisant partie des +75 ans “prioritaires”qui ne vivent pas en EHPAD. Depuis un mois je ne fais que tomber sur un répondeur (0800808083) qui me dit que “tous les créneaux proposés par l’Etat ayant été déjà réservés  plus aucun rendez-vous pour vaccination ne peut malheureusement être pris pour le moment…”

Toujours ce dimanche dans Var-Matin, ce communiqué (p.7) : “Les plus de 75 ans et les patients à très haut risque sont invités à prendre rendez-vous sur…doctolib.fr ou par téléphone auprès des centres ouverts” !! De qui se moque-t-on ?

En tant que maire vous n’êtes pas responsable de la gestion des vaccins et des retards dûs aux fournisseurs et aux négociateurs des contrats mais décider de ne plus inscrire les demandeurs de la tranche prioritaire (avec les personnels soignants et ceux des EHPAD), relève de votre responsabilité, me semble-t-il.

Il suffit de prendre les coordonnées des demandeurs.es et de les contacter pour les prévenir de la date de leur vaccination lorsque vous disposerez des vaccins. Ce qui évitera aux personnes âgées qui vivent seules de multiplier en pure perte leurs démarches auprès des centres de vaccination locaux. Un service public leur doit bien ça.

Le premier ministre a décidé récemment de lancer “une opération de masse”ce week-end pour accélérer la vaccination très lente en France qui dépasse à peine les 5% ! J’ai multiplié ce samedi les démarches téléphoniques et par internet, d’autant que l’hôpital militaire Sainte-Anne était sollicité. J’ai eu l’occasion d’en apprécier la qualité.

Mais j’apprécie moins la carotte que l’on nous met sous le nez pour nous faire patienter alors que nous avons encore une très forte activité des variants du virus, notamment dans notre région et dans le Var ainsi que dans le Pas de Calais, le Nord et l’Ile de France…très au-dessus du taux national d’incidence. Le Var est en “vulnérabilité élevée et sous surveillance renforcée”.

Le premier ministre, en visite dans la Creuse ce samedi, le reconnaît quand il lâche : “ce variant risque de nous reconduire, je n’en sais rien, peut-être à reconfiner..”

Vous-même, il y a quelques jours sur France -Info, disiez : “Cela fait un an que l’on va de mesures en demi mesures. Nous ballotons nos concitoyens qui sont exaspérés, même en colère. Seul le vaccin nous permettra de revenir à la normalité.” C’est donc bien qu’il en manque ! S’agit-il seulement de revenir à la “normalité”  Vaste question.

Vous vous apprêtez à ouvrir un autre centre de vaccination au Pont-du-Las : cela ne peut qu’aider à rattraper le retard. Mais il faudrait aussi plusieurs personnes à l’accueil pour enregistrer les demandes et, quand vous pourrez fixer les dates de vaccination, informer chaque personne âgée prioritaire.

Des points de vaccination dans les cités populaires seraient des plus utiles. Comme l’information à chaque foyer des lieux et moyens de s’inscrire pour se faire vacciner. Tout le monde n’est pas familiarisé avec la recherche sur internet.

Pourquoi aucun centre de vaccination n’est ouvert dans les cliniques privées ? C’est très significatif. Faut-il y voir un rapport avec l’implantation d’une clinique privée sur le terrain de l’ancien marché de gros à Sainte-Musse, non loin de l’hôpital public où l’on supprime des lits ?

Vous avez également déclaré que “le centre de vaccination à Toulon vaccine 1.500 personnes par semaine. Nous avons à Toulon 22.000 personnes qui ont plus de 75 ans. En vaccinant 4.000 personnes par semaine dans le département du Var où on est une population de 1,1 million, cette vaccination est très largement insuffisante“.

On ne peut qu’être d’accord mais vous vous dîtes, en même temps, “discipliné” quoi que décide l’Etat. En ajoutant que vous ne pourrez l’expliquer à la population “que si l’on a les vaccins” .

A ce propos, vous le savez en tant que président du conseil de surveillance du CHITS, les personnels soignants ne sont vaccinés qu’à 30%.  Le ministre leur a adressé une lettre pour leur signifier qu’il leur faut être vaccinés pour eux et pour les malades, (comme s’ils ne le savaient pas) laissant clairement entendre qu’ils doivent obtempérer.

Leur faire la leçon est proprement indécent car les soignants ne refusent pas de se faire vacciner, ils veulent que leur soit réservé le vaccin le plus efficace. Serait-ce trop demander ? Ce n’est sûrement pas la contrainte qui résoudra le problème. L’autoritarisme de l’éxécutif soulève de nombreuses questions, y compris de droit, vu le peu de reconnaissance portée à ces personnels déjà insuffisants en nombre, mal rémunérés et sur-saturés par la pandémie et les politiques successives de santé publique.

Lorsque j’ai voulu me faire vacciner en passant par Doctolib, je pouvais m’inscrire mais il n’y avait qu’un seul vaccin, l’AstraZeneca que Macron avait jugé en son temps “quasi inefficace pour les plus de 65 ans”. Aujourd’hui, c’est le seul et il serait à prendre parce qu’il n’y en a pas d’autre ? Une étude écossaise est passée par là et on nous le vend aussi fiable que les plus fiables qu’on n’a pas mais qu’on attend toujours !  Tout le monde a entendu Véran nous dire que “pour les premiers vaccins prioritaires destinés aussi aux +75 ans, ce serait Pfitzer ou Moderna”.

Il m’a été confirmé ce dimanche 7 à Sainte-Anne, qu’il n’y avait que l’AstraZenéca et qu’on ne prenait pas de réservation pour un autre vaccin ?

C’est plus que de l’incohérence, comme pour les masques qui ne servaient à rien tant qu’on n’en avait pas, l’exécutif fait le forcing : on n’a pas reçu les deux premiers vaccins mais on a un petit stock d’AstraZeneca à disposition. Lequel vaccin est passé en “première classe”et bon pour tous les âges ! On peut comprendre que ce nouveau discours soit pris avec circonspection et suscite une réelle méfiance.

Les personnels soignants, en première ligne, seraient-ils devenus les responsables de ces discours à géométrie variable et de cette hypercentralisation politique de toutes les décisions, y compris les plus incohérentes comme le manifestent les professionnels et intermittents du spectacle et l’ensemble des acteurs de la culture ? Activités  qualifiées, en creux, de “non essentielles”!!

Je me permets de vous suggérer ainsi qu’à l’autorité sanitaire de faire la clarté sur cette accusation très grave à l’encontre de ces personnels immensément dévoués que l’on saluait tous les soirs et dont des milliers ont été contaminés dès le premier confinement. On ne peut les laisser salir aujour’hui par ceux qui les traitent d’irresponsables.

Il ne s’agit pas d’apprendre à vivre avec le virus mais de l’éradiquer en multipliant les vaccins et en les rendant accessibles à tous, dans tous les pays. En ne permettant pas aux intérêts privés de s’enrichir avec indécence grâce à la pandémie. En accordant au service public de santé, les moyens de répondre à sa vocation de soins pour tous et où la notion de rentabilité n’a pas sa place dans son sens économique courant.

On ne pourra évidemment être d’accord sur tout mais il est toujours possible d’améliorer l’existant dès lors qu’on prend en compte le seul intérêt public.

Avec mes sentiments constructifs épris de justice sociale.

 

René Fredon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lettre ouverte au maire de Toulon et à l’ARS ..