
« Les rats quittent le navire » est une expression populaire datant du Moyen Âge. Elle voulait dire qu’à l’orée d’une tempête en pleine mer les rats présents sur un bateau s’enfuyaient.
C’est de là que l’expression tire son sens symbolique. Cette expression est donc couramment utilisée pour décrire des individus ou groupe d’individus qui choisissent de partir plutôt que de faire face à des difficultés ou aux conséquences de décisions communes. Elle valorise donc la nature opportuniste, conservatrice ou préservatrice de l’auto-intérêt, contre le bien commun, l’affrontement de difficultés en commun.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet a utilisé cette expression en répondant à une question d’un journaliste (RTL-31 janvier 2025) lui faisant valoir que si les grandes fortunes, ou le capital devait payer plus d’impôt pour participer au bien commun, à la vie commune ses détenteurs s’en iraient ailleurs. C’est ce que M. Arnault venait d’expliquer en fustigeant une potentielle surtaxe sur les fortunes qui « risquait d’inciter à la délocalisation ».
En vérité, il n’y a pas besoin de surtaxe pour que le grand capital délocalise les productions.
Mais voici qu’une entremetteuse entre le grand patronat et les forces d’extrême droite Mme de Menthon, présidente du lobby patronal Ethic, financé par le milliardaire d’extrême droite Stérin. Elle est anti-communiste et anticégétiste par nature, a déposé plainte contre Sophie Binet pour ces propos.
Le pire est que la secrétaire de la CGT est désormais mise en examen pour avoir utilisé l’image des rats qui quittent le navire. Une image décrivant le comportement de la haute bourgeoisie française. Une bourgeoisie prédatrice prête à « quitter le navire » pour aller gonfler ses profits ailleurs si l’on ne cède pas à ses chantages.
Elle milite à la fois que l’on abaisse sans cesse les impôts sur le capital (ils appellent cela les impôts de production) tout en souhaitant que à la fois un état minimal déshabillé de ses orientations sociales et collectant plus d’impôts indirect pour les transférer aux grands détenteurs de capital qui eux-mêmes poursuit sa maléfique œuvre dans la désindustrialisation du pays comme on le voit en ce moment avec Novasco, Brand ou Arcelor Mittal et tant d’autres. Sans ces conditions, ils quittent le navire.
Eh, bien qu’ils le quittent. La force des entreprises et les nécessités sociales et écologiques réclament précisément que les productions soient débarrassées du fardeau de la rentabilité financière, et du pompage d’une partie des richesses par le système bancaire et financier.
Leur richesse ne résultent pas leur génie mais du travail que fournissent les travailleuses et travailleurs. C’est parce qu’une partie de ce travail est du travail gratuit que les propriétaires actionnaires s’enrichissent. Qu’ils s’en aillent et qu’enfin les richesses créés servent d’abord au bien-être, à la solidarité sociale, à la transformation écologique de l’économie grâce à la maitrise par les citoyens-travailleurs de l’orientation des productions.
Au nom de quoi des individus ou groupes d’individus ayant accumulé depuis des décennies un grand capital sur le dos du travail des autres se croient-ils être en mesure d’imposer leur chantage et leurs lois ? Sans le travail ils ne sont rien. C’est donc le travail, celles et ceux qui l’exercent qui doivent se donner les moyens de conquérir le pouvoir à l’entreprise comme dans la cité.
Ne nous laissons pas faire ! Sophie Binet a raison, elle doit avoir notre soutien. Sa mise en examen frise le scandale. Elle vise à étouffer la voix des travailleuses et des travailleurs. Nous n’avons pas à le supporter. Nous n’avons pas à avoir peur. Ce sont les travailleurs qui font fonctionner l’économie, pas les gavés du capital qui menacent de fuir.