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                                                                                                             Le billet par andré ciccodicola

La macronie aura laissé une empreinte : celle de la fourberie. François Rebsamen vient de nous en administrer une nouvelle preuve. Pour tenter de corriger les manquements financiers de l’État à l’égard des communes et les méfaits non compensés de l’inflation, le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation veut restaurer la taxe d’habitation. Celle-là même que le gouvernement avait supprimée en 2023 en jurant qu’il s’agissait de « redonner du pouvoir d’achat aux Français ».

Ses initiateurs avaient soigneusement masqué le fait que cette suppression priverait les communes d’un revenu essentiel, les contraignant à rogner sur les services à la population, à accroître le prix de certains d’entre eux et à augmenter la taxe foncière payée par les propriétaires.

Pour justifier ce retour de cet impôt, François Rebsamen invoque le rétablissement de « l’égalité » entre les habitants, qu’ils soient propriétaires ou locataires, ainsi que la volonté de « renouer le lien » entre les collectivités et les citoyens ! Hypocrisie sur toute la ligne.

Afin d’accroître les recettes de l’État et de réduire son déficit, c’est encore au nom de « l’égalité entre les citoyens » qu’Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, a présenté le projet de suppression de l’abattement fiscal de 10% appliqué aux revenus des retraités. Ce n’est pas un privilège comme le prétendent la ministre et ses porte-voix. Il a été mis en place en 1978 par le Premier ministre Raymond Barre afin de compenser partiellement la perte de revenu entre le dernier salaire et le montant de la pension.

La suppression de cet abattement aura pour conséquence de rendre plus de 500 000 retraités imposables, les privant au passage de droits liés à la non-imposition et réduisant ainsi le niveau de leur pension. Répondant au principe « diviser pour régner », la ministre s’est employée à dépeindre les retraités comme des nantis et des profiteurs, les accusant de « mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement ».

Ces annonces antisociales s’inscrivent dans une offensive généralisée contre les couches populaires. Elles visent notamment à éponger à leurs dépens la dette faramineuse dans laquelle notre président, alias « le Mozart de la finance », a plongé la France.

Cette dette résulte pour en grande partie des réductions fiscales* et des aides directes accordées sans contrôle ni condition aux entreprises pour leur assurer un taux de profit censé les rendre attractives aux yeux des « investisseurs ». Cette mise sous perfusion, sans contrepartie ni contrôle, atteint en moyenne 7% du PIB par an, soit 184 milliards d’euros.

Afin de contrebalancer ces pertes de recettes et abonder les largesses, le président a donc choisi de faire les poches de la majorité des citoyens. Et pour tenter de faire passer les pilules, amères, ses ministres, sous-ministres et députés se succèdent sur les plateaux des chaînes de télévision. Ils y invoquent « l’égalité » jusqu’à la nausée, sachant pertinemment de quoi il retourne. Ce ballet cynique des fourbes se déroule sous l’œil d’une extrême droite réjouie des frustrations et des colères qu’il provoque.

Face à cette situation et aux menaces qu’elle charrie, on voudrait voir les responsables de la gauche proposer, dans l’unité, une alternative placée sous le sceau de l’Égalité, et répondant concrètement aux besoins matériels et aux aspirations démocratiques profondes d’une large part de nos compatriotes. Les législatives anticipées de 2024 ont révélé qu’une force de résistance et de progrès pouvait se lever de façon inédite pour enrayer les desseins mortifères des tenants du pouvoir, et ceux du couple Le Pen-Bardella et des forces obscures qui les soutiennent.

Qui prendra l’initiative de la mobiliser et de l’élargir sur la base d’un pacte populaire de confiance et de progrès capable d’ouvrir la voie à un avenir enfin désirable ?

André Ciccodicola

* Jusqu’au 31 décembre 1985, le taux d’imposition des bénéfices des entreprises était de 50%. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, il plafonne à 25%. La flat tax limitant hors contribution exceptionnelle à 30% les prélèvements sur les hauts revenus.

LA MARSEILLAISE DU 12 05 2025 : Le billet par andré ciccodicola..