Le conseil des prud’hommes d’Amiens vient de condamner le géant américain “pour licenciement sans motif économique valide”, six ans après la fermeture de son usine et le licenciement des 832 salariés, reconnu aujourd’hui infondé !

Le patron devra payer de deux à quatre ans de salaires à chacun, même s’il décide faire appel. Ce qui est plutôt rarissime.

Quelle leçon que cette lutte de classes qui dure depuis si longtemps. Elle avait commencé sept ans avant la fermeture en 2014, soit de fait, treize années de bras de fer avec la direction qui avait annoncé un plan de licenciement de 400 salariés en juillet 2007.

Une lutte exemplaire contre la désindustrialisation de la France, thème dont tout le monde s’empare aujourd’hui, même les fossoyeurs à la tête de l’Etat qui l’avaient programmée depuis quatre décennies tout en laissant délocaliser les entreprises à la recherche de main d’oeuvre au coût avantageux.

On ne peut licencier des centaines de salariés et faire des millions de profits la même année…” avait plaidé leur avocat.

Le Figaro titrait le 21/2/13, au lendemain de la fermeture : “Le gros problème de Goodyear, c’est la CGT” !!! Le journal porte-parole de la droite n’a pas changé. C’est la faute des salaires trop élevés en France (?) si les patrons qui font du profit, comme Goodyear, ferment leurs usines et vont en gagner encore plus ailleurs, sans aucun état d’âme.

Cette victoire, c’est avant tout celle des salariés eux-mêmes, qui y ont crû jusqu’au bout, avec un syndicat de luttes qui prônait la légitimité et l’efficacité de leur action, sans laquelle ils n’auraient pas obtenu une telle victoire. Même si l’usine est fermée, c’est un point d’appui énorme.

Pour l’ex-leader CGT Mickaël Wamen :”ce jugement fera date. Nous faisons la démonstration que les combats qu’on mène, on les gagne…malheureusement l’usine ne sera pas reconstruite, les emplois ne reviendront pas…” Il y voit aussi “une victoire de la dignité des ouvriers refusant de se laisser écraser alors qu’on démantèle leur outil de travail pendant que leur employeur réalise des profits colossaux…”

Il a eu une pensée pour les licenciés disparus -il y a eu une dizaine de suicides- et pour les victimes de la répression subie par les grévistes poussés à bout par les actes provocateurs de la multinationale américaine reconnus aujourd’hui illégaux.

Une telle victoire a déjà un retentissement national considérable à un moment où on vit une récession généralisée d’envergure historique et où se comptent déjà des chômeurs par millions (6 en France), une pauvreté qui gagne du terrain, engendrant une colère sociale au bord de l’explosion.

La victoire des Goodyear conforte la lutte et pas le partage des dégâts, à égalité avec le grand patronat ! On ne gagne pas toujours mais on ne peut que perdre si on ne lutte pas.

CNIM : 1000 emplois à sauver

Dans le Var, après la liquidation de la construction navale, la privatisation des industries de défense et la réduction des effectifs, la menace pèse sur le groupe CNIM (la Seyne) et son millier de salariés, bien avant la pandémie.

Il est devant le tribunal de commerce de Paris, suite à la défaillance d’un actionnaire, pour que soit validé un accord de financement qui éviterait le démantèlement de l’entreprise endettée à hauteur de 44 millions d’euros…empruntés à 6% par an d’intérêts ! Audience le 8 juin…

Le plan de réindustrialisation de l’Etat intégrera-t-il cette entreprise industrielle varoise dont le savoir-faire collectif a fait ses preuves.

La mobilisation des salariés est engagée. Il est encore possible de sauver les emplois.

 

René Fredon

Goodyear : victoire des 832 salariés !