Le budget de la Défense est l’un des rares budgets qui progressera l’an prochain de 1,7 mds et atteindra 35,9 Mds, le second budget après l’Education nationale à près de 52 Mds mais qui perd 2 600 postes.
Globalement, le budget 2019 confirme le hold-up engagé contre les salariés.es et les retraités.es les plus modestes “en même temps” qu’un sérieux coup de pouce aux plus riches avec notamment la transformation du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) qui existait et n’a crée aucun emploi, en cadeau fiscal pérenne, soit plus de 24 milliards avec la suppression de l’ISF et la flat-tax !
Il faut y ajouter la fraude fiscale des mêmes (grandes entreprises et actionnaires) estimée à 100 milliards chaque année de manque à gagner dans les caisses de l’Etat dont l’endettement approche les 100% de son pib. Comment améliorer les rentrées fiscales en réduisant les personnels de pratiquement tous les services publics et en les privatisant à tour de bras ?
Il a fallu revoir à la baisse la croissance, à 1,7 et sous-estimer l’inflation qui fait mécaniquement baisser le pouvoir d’achat, le gouvernement préfère nous donner rendez-vous plus tard pour tenter de stopper sa courbe descendante de popularité, chacun faisant ses comptes.
Les dirigeants LR de la région se veulent “les artisans du développement économique” et mettent en avant le poids de la Défense qui est certes important mais ne cesse de se réduire et déclarent “faire de Sud-PACA la première région européenne de la défense à l’horizon 2025″. Les élections approchent.
- Muselier appelle, comme Macron, “à une Europe de la défense qui s’engage enfin” ! A un moment où elle se trouve angluée dans des contradictions politiques-dont sa soumission à l’OTAN n’est pas la moindre- alors que nos entreprises doivent se désengager de l’Iran parce que Trump en a ainsi décidé, pour ses seuls intérêts, sa ligne visant à sauver le leadership des E-U sur le monde.
Il accentue le chaos qui règne sur tous les continents et l’Europe, alignée sur les E-U, poursuit les politiques d’austérité qui pèsent sur les peuples qu’elle est censée protéger, non pas contre l’emprise de la finance mondialisée mais contre les migrants, eux aussi victimes des guerres d’influence qui se mènent partout dans le monde et qui sèment la mort et la fuite des zones de combat comme des dictatures. Quand ce n’est pas du réchauffement climatique.
Et c’est à qui sera le plus ferme de Macron à Le Pen en passant par Wauquiez ou Ciotti pour refouler ces hommes, ces femmes et ces enfants poussés à s’expatrier et qu’on rejette comme on ne le ferait pas de pestiférés. L’Aquarius n’a plus de pavillon, à moins que la France lui en donne un ?
Le terrorisme et l’insécurité en sont une conséquence majeure. Un indice : le marché des gilets pare-balles explose. Certains pays, au sein de l’UE se le disputent, n’hésitant pas à les faire fabriquer sur d’autres continents !(1)
La France s’est hissée au 3ème rang mondial des Etats marchands d’armes, derrière les Etats-Unis et la Russie. En 4 ans, de 2013 à 2017 les ventes d’armes ont augmenté de 10 % ! Faudrait-il s’en réjouir ? (2) Elle doit sa “performance” pour 40% aux acheteurs du Moyen-Orient en raison des conflits permanents qui s’y déroulent pour des raisons très connues : le business, les luttes d’influence pour la maîtrise des ressources naturelles.
Alors que des pays européens (Allemagne, Belgique, Finlande, Suède, Espagne…) ont décidé de ne plus vendre d’armes à l’Arabie Saoudite qui mène au Yemen une guerre atroce visant les populations civiles, dont on ne parle guère, la France continue de fournir des armes au mépris du droit international à ses riches clients privilégiés !
On nous répondra : “si ce n’est pas la France, ça sera un autre marchand d’armes…” Voilà précisément le type de raisonnement qui met la planète sur une poudrière permanente et nous détourne de la recherche d’un désarmement progressif et réciproque qui obligerait les Etats à s’entendre, à se rencontrer, à se respecter et à choisir la voie pacifique pour coopérer et régler leurs différends. Pas à y faire régner la loi du plus fort, économiquement et militairement. Elle n’ouvre aucune perspective à l’humanité.
Cultivons la paix
Quelles puissances ne signent pas le traité d’interdiction des armes nucléaires ? Les puissances nucléaires, dont la nôtre ! Elles nous protègent disent-elles ?? Les sommes faramineuses consacrées à rester les plus forts pour maintenir l’ordre et le rapport des forces établi depuis la seconde guerre mondiale puis l’effondrement du bloc sociétique, auraient dû permettre un réquilibrage des dépenses vers le progrès social et humain partout, l’aide aux pays en voie de développement pour en finir avec les millions de vie condamnées par leurs conditions d’existence.
Pas du tout, c’est vers la course aux richesses, au maintien de la domination économique des anciennes puissances coloniales, à la loi de l’argent, véritable dogme addictif qui nous vaut d’en être
où nous en sommes : sans perspective d’une société et d’un monde en voie de pacification, de stabilité, d’épanouissement individuel sous toutes les latitudes…débarrassé de toutes ces scories que sont le racisme, la xénophobie, la peur et le rejet de l’autre, la prétention d’être la civilisation issue d’une religion “supérieure” qui pourtant aujourd’hui, n’en fait pas vraiment la démonstration…même s’il faut se garder de tout amalgame.
Propos irréalistes, à cent lieues de la réalité quotidienne ? Non, confiance en l’homme et en la femme, son égale, qui trouveront les chemins d’un monde meilleur, plutôt que de rêver du meilleur des mondes et qui en seront les acteurs, conscients que tout ce que nous vivons ne conduit pas forcément à l’optimisme mais à l’envie de comprendre, de ne pas laisser faire ce qui nous tire en arrière mais de conquérir ce qui nous fait avancer collectivement et individuellement.
Ainsi, on peut être pacifiste et rester vigilant quand autant d’individus sont animés de fanatisme que des chefs d’Etats souvent nos clients, couvrent, entretiennent, voire instrumentent. Nous ne sommes pas à la veille d’une explosion de joie, ni d’un dialogue apaisé. Quand le président de la plus “grande” puissance proclame que la lutte contre le réchauffement climatique -dû aux activités humaines essentiellement économiques- n’est pas sa priorité et qu’il se retire d’un accord international pour ne pas pénaliser son pays, entendez ses entreprises les plus polluantes, pour ne pas les pénaliser, quel signal donne-t-il au monde ?
Il ne s’agit pas de demander à un seul pays de se priver de ses moyens de défense à un moment où l’instabilité est aussi inquiétante en Europe et dans le monde.
Mais de là à se placer sous sa direction en matière militaire à travers l’OTAN, il y a une marge. Car l’OTAN est sous la direction des Etats-Unis dont la flotte militaire est omniprésente en Méditerranée, avec l’accord de la France ! Comme dit Conte, le chef de l’Etat d’extrême-droite italien : “c’est le pilier de la sécurité intérieure et internationale…” Tiens, tiens, serait-il devenu atlantiste ?
La préfecture maritime qui rayonne sur toute la méditerranée n’a pas le véritable pouvoir politique sur ce qui s’y passe et sur les forces marines en présence permanente, à partir des bases américaines en Italie et en Espagne notamment.
C’est pourquoi il est important qu’un pays dispose d’une souveraineté réelle en matière de défense, tout en coopérant librement à des alliances, pas en s’y liant les mains.
Pour entretenir la flotte militaire Toulon dispose d’arsenaux d’Etat. Que sont-ils devenus ? Une misère. Le statut d’ouvrier d’Etat est en voie d’extinction, quelques centaines encore à Toulon et Saint-Tropez. Privilégiés, sans doute ? Plus d’école d’apprentis débouchant sur un emploi qualifié.
Désormais, un groupe mixte public-privé, Naval Group, spécialisé dans l’industrie navale de défense qui a pour ambition de jouer un rôle majeur en Europe et dans le monde et gratifiant pour ses investisseurs privés. Naval group a succédé à la DCNs. Il accélère la fonte des effectifs des arsenaux et l’emploi qualifié pour transférer les compétences à des sociétés privées tournées vers le militaire et le marché qu’il représente à l’étranger. Dassault y a construit son empire.
Le tissu industriel autour de l’arsenal, après les chantiers de La Seyne, a besoin d’être retissé en s’appuyant sur le potentiel technique et scientifique qui s’est crée au fil des décennies tant que les ports militaires ne seront pas devenus des patrimoines à visiter.
René Fredon