Le 19 juillet 2019 plusieurs dizaines de maires du Centre-Var se sont rendus à la préfecture pour alerter le représentant de l’Etat sur les conséquences de la fermeture, il y a tout juste un an, du site de stockage du Balançan, au Cannet-des-Maures, exploité par l’entreprise Pizzorno depuis 1976, au coeur du massif (classé) des Maures.

Le tribunal administratif de Toulon avait, le 7 mai 2018, annulé l’arrêté du préfet du 6 août 2014 autorisant l’entreprise à poursuivre l’exploitation du site, cela sur recours du maire du Cannet-des-Maures !

Quatre ans de procédure qui se sont achevés par la fermeture définitive du site à ciel ouvert qui stockait déjà beaucoup trop de déchets, l’entreprise obtenant dérogation sur dérogation. En 2010 elle avait été condamnée pour avoir stocké 200 000 tonnes de trop de déchets ménagers, quasiment le double de sa capacité !

Le problème c’est que le Var -et plus particulièrement le conseil départemental et les syndicats intercommunaux- n’avaient pas anticipé la recherche et l’amènagement d’un autre site de substitution. Ils étaient plutôt solidaires de l’entreprise qui faisait valoir ses propres intérêts, prônant la prolongation de l’exploitation du site, privilégiant l’économique à court terme au détriment de l’écologique.

Il existe bien un projet de tri et de valorisation des déchets ménagers non dangereux, Technovar, sur la zone de Nicopolis à Brignoles mais le  président de l’intercommunalité attend septembre “pour avoir les résultats d’une étude qui conditionne les choix technologiques de Technovar…” (VM 18/7/19). Encore faut-il que le maire de Brignoles n’oublie pas de l’inscrire dans le plan local d’urbanisme ? Par ailleurs, le centre d’enfouissement des déchets ultimes de Ginasservis ne sera pas opérationnel avant trois ou quatre ans.

Les solutions transitoires vers Septèmes-les Vallons, aux portes de Marseille (28 000 tonnes/an pendant trois ans) et Valensole (Alpes de Haute Provence) pour 9 000 tonnes, s’avèrent insuffisantes et…coûteuses. Même si des accords récents, sous l’égide du préfet, portent sur 15 000 tonnes supplémentaires à Septèmes.

Les maires attendent du préfet -et des services de l’Etat- qu’ils soutiennent notamment leur volonté “de créer deux installations , une de valorisation multi-filière et un centre d’enfouissement  dans les quatre ans, avalisées par le plan départemental des déchets non dangereux”. C’est-à-dire le projet Technovar-Ginasservis.

 Le plan départemental de prévention et de gestion des déchets non dangereux ne date que de novembre 2016, il n’incorpore pas le plan concernant les déchets du BTP d’un tonnage 10 fois supérieur qui ne sont pas forcément traités dans des installations réglementées reconnues insuffisantes elles aussi. Ce plan ne concerne que les déchets ménagers, il a pour objectifs :

-de gérer les déchets sans mettre en danger la santé humaine et sans nuire à

l’environnement

-d’organiser le transport des déchets et le limiter en distance et en volume ;
-d’assurer l’information du public sur les effets pour l’environnement et la santé publique  ”

Dans ce plan (1) mis en révision en 2016, on constate, au chapitre 1.2.5.2 des installations inventoriées en 2012, que le groupe Pizzorno traitait sur ses deux sites du Cannet et de Pierrefeu 365 000 tonnes (250 000 + 115 000) sur un total de 386 600 T ! Un authentique monopole. Ce n’est pas le seul dans le Var.

Le rapport note que “l’avenir du site du Balençan était incertain” mais le tableau de la page 9 prévoyait une autorisation jusqu’en…2020 ? Une prévision qui s’est avérée erronée.

Elle met également en cause le préfet de l’époque qui avait pris un arrêté, le 6 août 2014, autorisant l’entreprise Pizzorno à poursuivre l’exploitation du Balançan. C’est cet arrêté qui a été annulé par le tribunal administratif, le site fermait le 7 août 2018.

Retour à la case départ.

Les municipales approchent, la question des déchets est loin d’être résolue. Qui en portera la responsabilité ? Les élus qui ont soutenu Pizzorno, véritable monopole privé de toute la filière dans le département (enlèvement, stockage, traitement, valorisation) ?

Où l’Etat -par préfet interposé- qui a cédé lui aussi, en 2014, au lobbyisme du puissant monopole qui avait le soutien des maires…mais pas celui du Cannet ?

Les deux, car, pour l’essentiel, favorables à la privatisation des services publics. La sur-exploitation du Balançan illustre que ce sont les intérêts propres de Pizzorno qui l’ont poussé à vouloir poursuivre l’exploitation en ce lieu plutôt que d’en perdre le bénéfice. Les élus du coup, y compris au plan déparemental, n’ont pas anticipé la recherche d’autres sites répondant aux normes environnementales.Et leurs budgets vont s’en ressentir. En même temps que le retard sera préjudiciable à la population et à l’environnement, ne serait-ce que par l’allongement du temps de transport sur les sites d’accueil extérieurs au département.

A méditer.

René Fredon

(1) https://www.var.fr/documents/20142/110177/4-+PPGDND83_Rapport_environnemental_R%C3%A9sum%C3%A9+Non+Technique+30112016.pdf/6b303187-e385-b5cb-492b-1b38f426a42b

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