Réunis à Ivry durant trois jours, les 23,24 et 25 novembre, 800 délégués ont confronté leurs analyses et leurs ambitions de relever les défis sociaux, environnementaux, sociétaux…à un moment où la crise du capitalisme mondialisé plonge les peuples dans une austérité aussi insupportable que le sont les profits insolents exhibés par quelques-uns au profit desquels  gouvernent les fondés de pouvoir que sont la plupart des Chefs d’Etat.

Si les médias n’ont porté que peu d’intérêt à ce congrès, c’est que, pour l’essentiel, leurs propriétaires font partie des “chiens de garde” de la classe des privilégiés, issus des milieux d’affaires et de la finance qui prennent très au sérieux les communistes et leur volonté de s’attaquer aux causes profondes qui minent cette société capitaliste en panne d’avenir.

Pour les mêmes raisons, on n’invite que fort peu les parlementaires communistes qui ont pourtant un groupe à l’assemblée nationale et un au sénat et qui travaillent beaucoup sur les  questions d’actualité, font des propositions de loi non portées à la connaissance des citoyens. Car le “pluralisme de l’information” c’est un peu comme le pâté d’alouette…un cheval, une alouette et ainsi de suite !

Que s’est-il donc passé à ce congrès d’un parti qui a marqué l’histoire de notre pays : Front populaire, Résistance, Libération (participation au gouvernement du Gl de Gaulle), Mai 68, 1981 (participation au gouvernement de la gauche)… Et à partir de là, effritement de son influence au profit du PS qui s’estconverti à l’économie de marché et aux critères du traité de Maastricht. Il fut soumis à référendum le 20/9/1992. Le “oui” l’emporta d’extrême justesse (51,04%).

Ce vote n’opposait pas les pro et les anti-européens comme avaient tenté de l’accréditer les partisans du “oui”  : socialistes, centristes et RPR (moins les souverainistes). Il opposait les promoteurs d’une Europe des marchands et des technocrates, à terme fédéraliste et les partisans d’une Europe des peuples souverains pour le progrès social et économique par la coopération. On va, dans six mois, y être de nouveau confrontés.

Ce qui était en jeu à ce congrès extraordinaire, c’était, dans l’intérêt de toute la gauche, l’arrêt de l’érosion de l’influence du PCF et la nécessité de changements profonds dans la stratégie : réaffirmer l’actualité du combat et de l’idéal communiste confondus avec les pratiques qui ont conduit à l’effondrement du bloc sociétique. Etre utile aux luttes et contribuer à ouvrir une perspective transformatrice à la crise du capitalisme qui nous y enfonce.

En même temps que prendre la mesure de l’ampleur de la question climatique et des dispositions urgentes à prendre, indissociables de la question sociale (pouvoir d’achat, emploi, formation, protections…) et des aspirations à en finir avec toutes les injustices, les exploitations, les dominations, les discriminations, les violences…

Place à la Liberté, à l’Egalité, à la Fraternité !

Le congrès s’est réjoui, sans aucune vélléité de récupération politicienne- de la montée en puissance du mouvement citoyen des “gilets jaunes”contre les atteintes au pouvoir d’achat des catégories sociales les plus modestes comme de celles qui le deviennent par la régression régulière de leurs conditions de vie. Le pouvoir ne retient que les provocations, les dégradations commises par des éléments étrangers au mouvement (parfaitement identifiables) qui visent à le discréditer. Il persiste à ne pas comprendre que sa politique est injuste et son attitude méprisante à l’égard de celles et ceux qui luttent pour, seulement, vivre dignement.

Pour leur part les communistes sont engagés dans une campagne de pétition qui porte sur 5 propositions (1) pour plus de justice fiscale et d’efficacité écologique.

Car ce qui coûte à l’économie, ce ne sont pas les APL, ni les indemnités chômage, ni les salaires, ni les retraites…c’est le capital le véritable assisté, celui que l’on exonère d’impôt sur la fortune, de charges sociales et même de déclarations réelles de tous leurs revenus en tolérant “l’optimisation fiscale” et le transfert dans les paradis fiscaux pour échapper à l’impôt. Et ce sont les “petits” contribuables qu’on rackette !

Le nouveau secrétaire national, Fabien Roussel, député du Nord devait faire adopter une motion contre la vie chère et pour relever le défi écologique : “Dès le 1er janvier l’impulsion doit être donnée d’une augmentation générale des salaires et des pensions, dans le public comme dans le privé, le SMIC doit être augmenté de 200 euros nets...la France ne manque pas de moyens mais ils ne profitent qu’à une minorité…les gilets jaunes, les blouses blanches, les robes noires de la justice, les bleus des usines ont des raisons de donner de la voix.”

 Il a lancé un appel à toute la gauche pour qu’elle porte avec les communistes cette exigence et que E. Macron organise “un Grenelle des salaires”.

Les débats ont parfois été rudes car, pour la première fois, le texte d’orientation de la direction sortante était devancé par un texte alternatif “Pour un manifeste du Parti communiste du XXIè siècle” -il y en avait quatre en tout- qui avaient fait l’objet de la consultation de tous les militants et d’un vote à bulletin secret, 2 mois avant le congrès. Quel autre parti procède ainsi ?

Le texte amendé a été adopté à 87% des congressistes. Le temps de l’unanimisme de façade est révolu, les désaccords s’expriment librement même s’ils peuvent laisser des frustrations légitimes qui ne remettent pas en cause le sens du combat commun.

Autre temps fort du congrès, l’intervention de Ian Brossat, tête de liste des communistes, qui entend placer la toute prochaine élection européenne sous le signe de “la révolte qui gronde et qui s’organise par celles et ceux que le gouvernement veut culpabiliser au moment où ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts…Avec le Brexit on sort de l’UE mais on ne sort pas du capitalisme…Macron veut ramener cette élection à une opposition piégée entre progressistes et nationalistes pour mieux esquiver la question du travail et de la vie chère,  elle sera au coeur de notre campagne…”

 Dans un monde aussi instable où les conflits prolongent les guerres commerciales ou géo-stratégiques, les ventes d’armes atteignent des records, la course aux armements y compris nucléaires, mobilisant des sommes colossales, s’inscrit à contrario des aspirations des peuples, la sécurité collective n’est plus assurée…les communistes alertent sur cette autre urgence que constituent la recherche de la paix et de la coexistence pacifique. A commencer par tendre la main à toutes les victimes fuyant les zones de combat, les cataclysmes, les persécutions, les décombres.

Pas question de céder un pouce à l’extrême-droite, ont rappelé les jeunes communistes venus saluer un congrès où soufflait un air vivifiant d’internationalisme.

Après les bonnes résolutions, place aux travaux pratiques, sur le terrain, pour résister et construire avec toutes les bonnes volontés, une alternative humaniste à ce vieux monde qui nous invite à sur-consommer tandis que des milliards d’humains sont privés de tout. Des millions en France jetés dans la précarité et la régression de leur niveau de vie.

Il suffit de regarder autour de nous. Lutter c’est construire un avenir meilleur.

 

René Fredon

(1)

-Taxer le kérosène qui ne l’est pas aujourd’hui

-Taxer TOTAL et ses 10 milliards de profits annuels

-Cesser de fermer les petites lignes de train

-Revenir à la TVA à 5,5% sur les transports en commun

-Augmentation massive du malus écologie sur les grosses voitures neuves polluantes

(4×4, SUV)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   38è congrès du PCF : un nouveau souffle…

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