En septembre 2018 Macron annonçait son projet de revenu universel d’activité (RUA) dans le cadre de sa “stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté”.

Mise de côté en raison de la pandémie cette contre-réforme, une de plus, est toujours pendante. Son objet : “simplifier le maquis des aides sociales“? Tu parles !

On comprend tout de suite sa finalité. Il s’agit de regrouper les aides sociales en une prestation unique. Ainsi le RSA, l’APL, la prime d’activité, l’allocation de solidarité spécifique, (ASS) ou l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA)…ne feraient plus qu’un, histoire de réduire globalement la dépense publique et de ne plus avoir qu’un seul guichet. Macron, gestionnaire en chef des intérêts du capital, prend dans la poche de ses victimes, c’est dans la logique de sa mission : toujours trop pour les petits revenus, jamais assez pour les gros !C’est cela qu’ils appellent pompeusement un revenu universel d’activité ! La belle affaire.

Macron voulait sans doute couper l’herbe sous le pied au revenu universel d’exisence (RUE) porté par le candidat Hamon dans la campagne électorale de 2017 qui proposait d’augmenter de 10% le RSA, dès 2018, à hauteur de 600 euros et de faire bénéficier tous les jeunes de 18 à 25 ans d’un revenu universel, sans conditions de ressources ? Il renvoyait à une conférence citoyenne la fixation du “périmètre” qu’il envisageait d’étendre à toute la population. Le financement venant d’une taxe-robot payée par les entreprises qui licencient ainsi que sur une taxe sur les transactions financières.

Une proposition très discutable, loin de réduire le chômage et les inégalités qui ne change pas les rapports de pouvoirs au sein des entreprises et dans une société dominée par la finance aux mains des banques et des grands intérêts privés.

Tel n’est pas le cas de la proposition communiste de sécurité d’emploi, de formation (SEF) dont les bases avaient été jetées il y a plusieurs décennies. Les députés communistes l’ont traduite en proposition de loi en 2017.(1)  Jamais mise en débat à l’assemblée nationale et fort peu dans le débat public. Elle touche aux pouvoirs dans l’entreprise et aux institutions dans la société. Ceci explique cela.

La SEF : un véritable projet de société (2) (3)

 Elle vise à garantir tout au long de la vie un emploi ou une formation avec un bon salaire, dans une mobilité choisie. Cette sécurité s’oppose au chômage et à la précarité fondamentale du marché du travail. Son application conduirait à leur éradication.

Sauf qu’il ne suffit pas de l’énoncer pour la rendre opérationnelle. Elle participe d’une volonté politique d’en finir avec la domination du patronat et de la finance. Elle ne peut advenir que si les salariés.es et les citoyens.es s’en emparent comme un objet de luttes pour leur donner sens, perspective et envie de prendre la main, dès maintenant, pour créer un rapport de forces favorable à leurs intérêts et à leurs aspirations.

Comme l’exprimait Pierre Ivorra dans un débat de l’Humanité en février, “la possibilité de donner à tout un chacun le droit de passer d’un emploi à l’autre, sans subir le chômage et, si besoin est, de bénéficier d’une formation rémunérée se situe dans la visée communiste d’un dépassement du capitalisme et du salariat.”

 Avec la sécurité d’emploi et de formation il s’agit bien d’une avancée sociétale d’ampleur comparable à ce que représente la sécurité sociale pensée en pleine guerre et créee juste après. Elle repose sur de tout autres critères que la rentabilité financière et le profit de quelques-uns. Seront privilégiés les investissements porteurs d’emplois écologiquement compatibles.

De nouvelles institutions politiques territoriales et nationales y veilleront, par exemple des conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation productive écologique, avec tous les acteurs économiques, sociaux et des représentants des usagers et des habitants, là où se prennent  les engagements de production, d’investissements, de financement, d’emploi et de formation, avec suivi démocratique.

On peut en imaginer l’intérêt face à des baisses d’activités qui, comme aujourd’hui avec la pandémie, décuplent l’angoisse du lendemain qui n’en finit pas et qui frappe très fort les catégories populaires les plus fragiles. Les dégâts énormes pour les uns ne sont évidemment pas ressentis de la même façon chez les milliardaires et autres privilégiés…

Lorsque les patrons délocalisent et ferment une entreprise, ce n’est pas forcément parce qu’elle n’est pas rentable, c’est le plus souvent parce qu’elle n’est plus suffisamment rentable. Ils ont le pouvoir de licencier tout ou partie de leurs salariés sans état d’âme, comme on le voit quotidiennement. Jeter dans la précarité et dans la pauvreté des millions de femmes et d’hommes fait partie de leur mission ! L’après, ce n’est plus leur affaire.

La pandémie -dont on n’est pas sorti- n’est pas à l’origine de la crise économique et financière du capitalisme, elle en a amplifié les conséquences humaines et sociales. La gestion libérale en a manifestement sous-estimé la gravité. Elle porte la responsabilité de l’état de l’hôpital public saturé et ses personnels débordés par les politiques d’austérité : de fermetures de services, de lits, de réduction des personnels…qui demeurent à l’ordre du jour !

Du nouveau à l’Ouest

Poussé par les nécessités Biden vient d’annoncer un second plan d’investissements publics à hauteur de 2 000 milliards de dollars après un premier plan de sauvetage de 1 900 milliards pour aider les plus défavorisés. Il prévoit d’augmenter la fiscalité des multinationales et des riches : une petite “révolution” qui bouscule les dogmes libéraux en vigueur.

Pendant que le ministre français des finances fait exactement le contraire et persiste dans la lignée de Reagan et Thatcher, de ne pas augmenter la fiscalité des riches et de baisser l’impôt sur les sociétés ! C’est, bien entendu, la ligne de Macron pris de court par les Etats-Unis.

Le Figaro s’en étrangle…des annonces de Biden, poussé par l’explosion de la précarité et par son aile gauche. Le monde libéral est en ébullition ! Qu’on se rassure, Biden ne s’est pas converti au socialisme, simplement rendu à un certain réalisme qui prend en compte la vulnérabilité du système capitaliste. D’où son agressivité à l’égard de la Chine, son “ennemi” qui progresse, malgré la crise.

Comme quoi il est possible, pour le mouvement social, de marquer des points dans ce contexte nouveau qui traduit la fragilité d’un système économico-politique affaibli et divisé sur la stratégie, y compris en Europe.

Ce contexte conforte l’appel au peuple de Fabien Roussel, en conclusion de la conférence nationale du PCF : “…Nous voulons écrire ensemble un contrat qui permette enfin de sortir la santé des logiques marchandes et de l’emprise des laboratoires pharmaceutiques, qui nous libère du poids de la finance et qui nous ouvre enfin l’espoir pour chacun d’avoir un emploi stable et bien rémunéré...qui sorte notre pays du capitalisme, de l’exploitation des hommes et des femmes comme des ressources naturelles, qui bâtisse le programme des Jours heureux du XXIè siècle…”

 Un horizon de nature à recréer l’espoir à gauche.

 René Fredon

 

(1)

https://www.economie-et-politique.org/wp-content/uploads/2020/08/pion4413.pdf

(2)

https://www.letempsdescerises.net/?product=une-securite-demploi-ou-de-formation

(3)

https://www.economie-et-politique.org/wp-content/uploads/2020/07/17_EP790791Eco_Po_790_791_21_07_2020_DD-1.pdf

Sécuriser l’emploi et la formation :un enjeu de luttes et de pouvoirs dans l’entreprise !