Pouvoir d’achat, salaires, services publics et retraites

 

Au cœur des rassemblements syndicaux du 29 septembre

 

 

Après le passage en force envisagé, le 49/3 et la ligne glissée dans le budget de la sécurité sociale pour gagner du temps, Macron brandit la dissolution de l’assemblée nationale s’il est mis en minorité  alors que rien que son projet de retraite prévoit de porter à 65 ans l’âge du départ et de fixer la pension minimum à 1100 euros nets…pour ceux qui auront eu une carrière complète ! Elles et ils ne sont pas très nombreux, cela leur aurait-il échappé ?

 

La journée de grève interprofessionnelle du 29 septembre portait aussi sur les salaires et le pouvoir d’achat en régression sérieuse, les services publics très dégradés parce qu’en sous-effectifs. Elle répondait à l’appel de la CGT, FSU, Solidaires et d’organisations lycéennes et étudiantes et s’est traduite par près de 200 manifestations rassemblant 250 000 salariés.es selon les syndicats. Un sérieux coup de semonce, y compris dans le secteur privé, qui ne peut que s’amplifier.

 

Compte tenu également de l’absence -sauf dans certains secteurs et entreprises- de syndicats représentatifs qui menacent de former un “front syndical résolu” comme le déclare le leader de la CFDT qui veut “éviter toute mesure brutale“. Il serait temps en effet. Mais c’est sur le fond qu’agit Macron pour sortir de notre système par “répartition”, sans le dire, pour nous engager dans la “capitalisation”. Une réunion des états-majors syndicaux est prévue ce lundi car en matière de salaires et de pouvoir d’achat, le compte n’y est pas non plus, loin s’en faut.

 

Parmi les annonces il paraît que “cet hiver la facture énergétique sera très salée“. L’inflation, elle, n’a pas attendu, le pire est déjà là : on nous prépare aux pénuries d’électricité dont le prix est indexé sur le gaz ! Qui en a décidé ? On est invité à baisser le thermomètre (de la maison) et à mettre un anorak si nécessaire. Certains plaisantins dignes de Pierre Dac, suggèrent de manger et de nous chauffer un jour sur deux, on économise sur les deux tableaux : l’alimentation et le chauffage !!

 

Le Monde du 30/9 a commenté cette journée de grève dans “le reste de l’actualité“. C’est dire la considération qu’il porte à la condition salariale et au mouvement social. Il n’est malheureusement pas le seul. Il ne faut pas déplaire à leurs financeurs, comme à Libération (1) pas vraiment en empathie avec les colères populaires qui montent devant les annonces faites sur ce qui nous attend et qui frappe en premier lieu les catégories sociales les plus fragiles déjà à la limite ou sous le seuil de pauvreté. Ce n’est pas la qualité professionnelle des journalistes qui est en cause.

 

Sur le plan politique, Macron a clairement dit qu’il dissoudrait l’assemblée  nationale si un vote de confiance le mettait en minorité. Or, il n’a recueilli que 245 sièges et, dans sa coalition, des voix s’élèvent sur la précipitation dont il fait preuve. Il pourrait y avoir des abstentions dans son propre camp.

 

Il compte visiblement sur l’apport de députés LR essorés, il n’y en a plus que 61 au lieu de 112 en 2017. En 2022, leur candidate est éliminée au 1er tour avec 4,78%.  Ils sont en pleine élection de leur président. Les candidats ne veulent pas apparaître comme la bouée de secours du soldat Macron qui a aspiré une partie de leur électorat, une autre ayant rejoint l’extrême-droite qui savoure les avancées de ses idées nauséabondes et de l’arrivée toute récente de ses amis au pouvoir en Suède et en Italie. Chez LR il y en a même un, Xavier Bertrand, qui prépare 2027 et vient de créer un micro-parti “Nous France“axé sur le refus de toute alliance avec l’extrême-droite. Ciotti a failli s’étrangler !

 

Le RN fort de sa percée en France en voix, en sièges, augmentée par l’apport des électeurs de Zemmour, le RN veut incarner l’opposition de toute la droite souverainiste, nationaliste, ultraconservatrice qui emprunte certains slogans de gauche pour mieux les détourner car il vise les déçus de la gauche et de la droite ! Quitte à faire le dos rond sur l’Europe, l’OTAN, le pouvoir d’achat, les critères du libéralisme mais sus à la chasse aux migrants, aux immigrés et aux plus pauvres “trop assistés”, en parfaite harmonie avec Trump, Bolsonaro, Orban et quelques autres.

 

Ce qui s’est traduit par l’élection de 89 députés (7 sur 8 dans le Var) grâce au rejet des politiques

d’austérité de Macron qui, à leurs yeux, ne va pas assez loin en matière de sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme islamique qu’ils élargissent à l’islam supposé menacer la religion chrétienne dont ils se réclament…en toute laïcité ! Ils ne parlent jamais de rompre avec le capitalisme…et pour cause. Ils en sont des partisans “purs et durs” porteurs d’un racisme endémique, nostalgiques des guerres coloniales et de l’ordre public à la sauce hongroise ou polonaise et bientôt suédoise et italienne.

 

Nous les avons expérimentés de 1995 à 2002 à Toulon en matière de clientélisme, d’incompétence, de corruption, de scandales et de règlements de comptes internes pitoyables.

 

Ce n’est pas Macron qui leur barrera la route, il est en train de la leur ouvrir !

 

L’alternative ne peut venir que d’une gauche de rupture avec le capitalisme, incarnée par la coalition des partis regroupés dans la NUPES représentée par 131 députés.es forts d’un programme de législature progressiste et offensif. Bien que le groupe soit le plus important et le seul d’opposition véritable, il reste isolé au sein du parlement…sauf si le mouvement social est en phase, s’appuie et construise, dans toute sa diversité, un ensemble de revendications prioritaires susceptibles de devenir celles d’un mouvement populaire majoritaire.

 

Au début de l’été JL Mélenchon avait lancé l’idée d'”une journée de marches contre la vie chère et l’inaction climatique”, reprise par LFI, le PS et EELV sauf le PCF moins sur le fond que sur la forme qui consiste à se rallier à une initiative qu’un leader rend publique avant d’être discutée dans la NUPES et avec les syndicats qui n’appelleront pas. Eux-mêmes ne s’étant pas mis d’accord sur le contenu d’un front syndical uni les 22 et 29 septembre.

 

Le 4 octobre une rencontre qu’on espère fructueuse est prévue en vue d’élargir l’appel initial. Bien entendu il y a des débats vifs à gauche sur certaines questions comme on l’a vu récemment avec l’interprétation des propos de Fabien Roussel sur le travail qu’il n’oppose pas aux protections sociales. La vocation de la gauche n’est-elle pas d’éradiquer le chômage et la pauvreté ? Donc de garantir tout au long de la vie l’emploi et la formation avec de bons salaires et retraites, plutôt que de négocier la compensation partielle d’un chômage imposé par le grand patronat qui l’organise-les délocalisations en sont un exemple- pour peser sur les salaires et renforcer ses profits.

 

Il peut y avoir des suppressions d’emploi ici et des créations ailleurs sans que les revenus du salarié

Soient modifiés et qu’une formation éventuelle ne lui coûte. C’est à notre portée s’il y a volonté et luttes sociales pour sortir le travail du marché en lui donnant du sens et des droits aux salariés.es.

 

En ce dimanche de septembre, on attend  -du moins à gauche- un évènement possible au Brésil : le retour de Lula au pouvoir. Et donc la fin de quatre ans d’un fascisme assumé responsable d’une détérioration  considérable de la situation économique, sociale et environnementale.

 

Après le basculement à gauche de la Colombie, celui du Brésil constituerait un immense soulagement et une confirmation de la volonté des peuples d’Amérique latine de sortir de la main-mise étatsunienne sur tout le continent.

 

René Fredon

 

 

 

(1) Libération appartient au groupe Altice du milliardaire français Drahi en délicatesse avec la justice en compagnie de l’ancien ministre des sports Bernard Laporte président de la fédération française de rugby. Le journal vient de s’associer avec un autre milliardaire tchèque Daniel Kretinski qui possède Elle, Télé 7 jours, Marianne…)

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