Michel Barnier à Matignon ,A droite toute !
C’est un LR de 73 ans que vient de choisir Macron pour continuer son œuvre et «sauver» les battus aux législatives qu’il avait, seul, voulues, après l’échec cinglant aux Européennes, LR s’étant scindé avec le ralliement de Ciotti au RN ! Barnier, un professionnel précoce et expérimenté de la politique : engagé à 22 ans à l’UDR, puis au RPR, à l’UMP et à LR, il sera député gaulliste à 27 ans, président du conseil général de Savoie, plusieurs fois ministre, deux fois commissaire européen et président de commission. Il fut même candidat à la présidentielle en 2022, à la primaire LR
Un an auparavant, dans le Figaro, Michel Barnier disait que la “gestion de ce pays” devrait être “moins solitaire, moins arrogante“. “Rien n’oblige, sous la Ve République, le président à agir seul, à parler tout seul…Il faut connaître et aimer les Français et la France, son histoire et sa géographie. Il faut les respecter et faire respecter la France. Le président sortant n’a pas su faire tout cela. Ce n’est pas à l’Élysée que l’on apprend“, disait-il pour fortifier sa campagne pré-présidentielle.
Après les élections de 2022, devant les médias il appelait la macronie à “montrer qu’ils ont compris” et à passer “de la culture de l’arrogance à la culture du compromis“, dénonçant un “gouvernement vertical“…» Pas faux.
On ne manquera pas de lui rappeler qu’il avait qualifié la stratégie de Macron de “grand déclassement de la France… L’influence française, en France et dans le monde, a reculé avec Emmanuel Macron“, lâchait-il dans le Figaro. “Le renouveau qu’il prétendait incarner ne s’est pas matérialisé“, regrettait-il dans le Temps en novembre 2021. , “Emmanuel Macron a déconstruit la France“, citant “l’insécurité, les injustices sociales ou les fractures territoriales” qui ont “prospéré“. Sur France-info, en 2022, il tenait également le président de la République pour “responsable de l’effondrement de notre commerce extérieur, de l’explosion de notre dette et de notre déficit, du chômage, de l’insécurité…“. On ne le lui fait pas dire !
Et, en bon serviteur, il vient sans rancune, répondre gentiment à Macron qu’il se tient à sa disposition même s’il dira qu’il ne pense qu’à la France. On en a vu passer des beaux parleurs…
Barnier aurait-il oublié ses critiques sévères et Macron lui aurait-il donné carte blanche pour réparer ces petites erreurs ? On ne peut le croire. S’ils n’ont pas le même style, ils partagent le même fond : gouverner à droite pour que rien ne change et donc servir les intérêts des puissances financières ce que le RN veut aussi mais pas en avançant les mêmes priorités.
Le MEDEF s’est empressé de valider chaleureusement l’arrivée de Barnier à Matignon. On s’en serait douté.
Macron a rejeté la candidate du NFP pourtant arrivé en tête à la législative. Son programme prévoit en priorité l’abolition de la loi sur les retraites et le pouvoir d’achat avec un SMIC à 1600 euros notamment, pas par le 49-3 mais par la voie parlementaire, texte par texte.
Le RN avait fait savoir qu’il proposerait la censure d’entrée s’il appelait Lucie Castets. Avec Barnier, MLP a approuvé, le pouce levé : »il n’y aura pas de censure…on verra par la suite » ! Plus qu’un symbôle : il y a consensus entre Macron et le RN dès le départ. Barnier a quelques proximités avec le RN, sur quelques thèmes. L’ennemi commun c’est le NFP, la gauche unie. Le RN rend à Macron quelques services car il est en position dominante et a beaucoup d’appétit. « je te tiens, tu me tiens par la barbichette...» vous connaisssez la suite.
Censure à gauche
Juste avant l’annonce de Macron, la NFP était revenu à la charge, déplorant «qu’Emmanuel Macron enfonce le pays dans l’impasse qu’il a lui-même construite…»
Dès l’annonce, tous les groupes parlementaires de la NFP faisaient savoir qu’ils voteraient la censure tant il est évident qu’on s’attend à la mise en œuvre d’une politique de droite qui ne peut qu’aggraver celle de Macron, dans le même sens des critères libéraux qui entendent sacrifier les dépenses publiques accusées de coûter cher au pays de plus en plus endetté par ailleurs. Tout en mettant en cause les collectivités locales et refusant les augmentations d’impôts visant les grandes fortunes et les très hauts revenus !
Ce sont près des trois quarts de la poppulation qui subissent les politiques d’austérité imposées par l’U-E qu’ont toujours soutenues avec zèle, Bernier et Macron. La baisse du pouvoir d’achat du plus grand nombre, de l’emploi, des protections sociales, la privatisation des services pubics au plus mal…ne peuvent que susciter mécontentements et colères dans les villes et les campagnes.
Avant la session extraordinaire du parlement -qui ne saurait tarder-, on peut s’attendre à des réactions diverses, d’attente et de frustrations de celles et ceux qui ont compris vers quoi nous mènent la droite et l’extrême-droite, laquelle ne cesse de vouloir « rassembler les droites » et y met le paquet.
Le Var est plus qu’un laboratoire de l’absorption d’une forte partie de l’électorat LR par le RN. Ses gains de voix interrogent tous les progressistes, hommes et femmes, jeunes ou moins jeunes, de toutes origines sociales et ethniques et bien sûr , les partis de gauche et écologistes, les syndicats et associations humanistes… Il y a du grain à moudre !
La lutte des classes ne s’arrête pas à un premier ministre sorti du chapeau. Reste la question : comment sortir de l’impasse dans laquelle nous nous enfonçons ?
René Fredon