Certes, c’est de bonne guerre : des candidats ont réagi après l’enquête accablante publiée cette semaine dans le Monde diplomatique pour demander que toute la clarté soit faite sur les faits étayés qu’elle contient, relativement récents pour certains.

Ils concernent notamment les versements occultes de futurs locataires HLM à la présidente de l’AVAL, association proche de la municipalité, le déroulement des élections des représentants de locataires et, lors des législatives de 2017, le cas très particulier du bureau 117…seul à progresser très nettement en suffrages exprimés alors qu’il y a eu quelques 5000 votants en moins dans tous les autres bureaux de la circonscription !

Nous voudrions ici, rafraîchir la mémoire du candidat RN qui parle de “troubles à l’ordre public sans précédent…” avec des accents de justicier, grand défenseur de notre démocratie, qui ne manque pas de se référer, à l’occasion, au “modèle” que fut la mandature FN des Le Chevallier de 1995 à 2001.

Parlons-en de cette période “sans précédent”. D’autant qu’il a un colistier, dans les dernières positions qui l’a vécue puisqu’il était second adjoint au maire : Me Gestat de Garambé.

Période des plus sulfureuses et ce, dès le départ avec la mort brutale du chef de cabinet et éminence grise, Jean-Claude Poulet-Dachary trouvé mort dans une cage d’escalier la nuit du 28 au 29 août 1995 !

Avec des relents sordides évoqués  après l’implosion du FN local en trois ou quatre sous-groupes qui réglaient leurs comptes et fréquentaient beaucoup les prétoires pour un nombre d’affaires impressionant touchant à la gestion de la ville. Une ville qui a souffert de l’incompétence et des rivalités de cette “majorité” unie au départ autour d’un de leurs fameux slogans : “Les Français d’abord” déclinés en “Les toulonnais d’abord” puis “Les amis et la famille d’abord”…

Toulon eut le “privilège’ d’accueillir le congrès du FN, trop heureux de se trouver dans la plus grande ville conquise sur une droite en décompositions après les révélations des scandales liés à l’ère Arreckx, appuyé par le milieu local.

Au cours de ce congrès il y fut question du vice-procureur Albert Lévy, jugé trop progressiste et dont le nom fut l’objet de quelques allusions antisémites. Le second adjoint avocat,  chargé du contentieux n’a pas manqué de travail avant d’attaquer le maire et son épouse devant la justice pour usurpation puisqu’ils n’étaient plus dans le même groupe, à partir de fin 1999 ! Il rejoignit le MNR de Bruno Mégret.

En réalité, il y avait quatre sous-groupes dont les membres changeaient d’étiquette, reconnaissait le maire déjà en sursis trois ans à peine après son triomphe et avant son procès “pour haute trahison” et sa destitution.

Il y eut aussi l’épisode Calone du nom de l’adjoint, président de l’office HLM qui a fini en prison pour avoir monnayé l’attribution de logements, non pas contre des espèces mais pour des faveurs intimes après harcèlement.

On pourrait évoquer l’affaire de l’association Jeunesse Toulonnaise présidée par son épouse adjointe qui, ainsi, se faisait voter les crédits publics et les géraient à sa guise…en plein conflit d’intérêts, embauchant quelques permanents politiques au passage. Elle fut condamnée à de nombreuses reprises. Largement dépassée dans ce domaine par son mari de maire.

Il y eut également la croisade  pour éradiquer ” la culture dégénérée”, contre la programmation de Châteauvallon et son directeur Gérard Paquet qui donna lieu à une mobilisation populaire d’ampleur. Mais le préfet Marchiani, proche de Pasqua, veillait, il aida beaucoup le maire d’alors (comme disait San Antonio) qui obtint la tête du fondateur des lieux.

Sans parler de la “fête du livre” initiée par les nouveaux élus frontistes qui ressemblait à une rencontre de tous les auteurs révisionnistes, royalistes, néo-fascistes, collaborationnistes…Ils voulaient, en plus, associer les libraires toulonnais dont certains firent de la résistance et, à l’initiative de Gino Capolongo, gérant de la librairie de la Renaissance, organisèrent une authentique fête du livre à La Garde. Elle connut un vrai succès populaire avec la présence notamment de Marek Halter et de Guy Bedos. L’année suivante le conseil général présidé par H. Falco leur coupa l’herbe sous le pied.

Ce survol de ce que furent ces années de plomb et de décomposition pitoyables de l’équipe majoritaire éclatée, appellerait de longs développements. Leurs idées perdurent dangereusement à mesure que les peuples subissent les politiques d’austérité et d’épuisement des ressources naturelles, victimes d’un productivisme sans limite.

Nous vous épargnons les dizaines de procès perdus par les Le Chevallier et les conséquences financières de leur gestion sélective, ségrégative et clientéliste…qui a fait le lit du retour en force de la droite sensée avoir tirée un trait sur la “période Arreckx”.

Les Toulonnais n’ont pas envie de renouveler l’expérience de l’alternance Droite-RN à Toulon, pas plus qu’au plan national l’alternance Macron-Le Pen. Deux conceptions du même libéralisme. Le RN masque leur matrice commune à travers un slogan qui sonne faux : “mondialisme contre nationalisme”. NON ! ni l’un, ni l’autre.

René Fredon

 

 

 

 

 

 

 

L’enquête du Monde diplomatique : le RN a perdu la  mémoire .