Décarbonons nos vies  , Sortons du libéralisme !

La nécessité de réduire les émissions de gaz à effets de serre à l’échelle mondiale est devenue un objectif incontournable dont l’urgence ne fait plus de doute dans l’opinion publique. Il est grand temps. Mais alors pourquoi les Etats prennent-ils du retard sur leurs propres engagements  lors de leurs rencontres fréquentes éclairées par de multiples rapports scientifiques -dont le GIEC- qui en font le constat ?

La plupart des interlocuteurs ne manquent pas de bonnes intentions, prenant acte de l’ampleur des extractions carbonées et des pollutions de toute nature qui s’empilent dans l’atmosphère, dans les océans et dans les entrailles de la terre.

Sans compter les “accidents” qui viennent s’ajouter à un bilan-climat qui laisse filer les objectifs au risque de rendre irréversibles les dégâts causés à la nature depuis sa surexploitation à des fins devenues, aujourd’hui, purement financières au profit d’intérêts purement privés.

Depuis l’accord de Paris de 2015 qui fait du sur-place, hormis les intentions à bon compte, deux évènements sont intervenus : le départ de la Maison Blanche du climato-sceptique ultra-libéral et l’arrivée de son vainqueur ont remis les E-U dans le bon sens. Il n’y aura plus de sièges vides mais il y a beaucoup de retard à rattraper et la capacité de nuisance des perdants reste très forte.

En second lieu, la pandémie a fortement perturbé le calendrier et occupé l’actualité : la question du climat, comme les questions sociales sont passées au second plan. Elles n’en ont que plus d’acuité et pourraient revenir tel un boomerang. Le pouvoir a préféré les questions sécuritaires et en a profité pour  réduire les libertés publiques tout en donnant des gages à l’extrême-droite.

La convention citoyenne sur le climat a été vidée de sa substance, après un an de travail de 150 femmes et des hommes tirés au sort qui ne se sont pas reconnus dans la version retenue par Macron et sa majorité. Il s’était engagé à faire un référendum populaire sur le sujet. On n’en entend plus parler !

L’ONU vient de relancer les rencontres internationales, formelles ou non. La dernière en décembre 2019, à la veille de la pandémie, la COP25, tenue à Madrid, n’a débouché sur rien de concret, les pays en voie de développement s’opposant aux pays “riches”, les plus pollueurs, pour qu’ils commencent par donner l’exemple et permettre aux pays les plus pauvres de disposer d’aides financières pour ce faire.

La COP26, reportée d’un an, aura lieu à Glasgow en novembre. Un sommet du G7 se tiendra en ce début juin, les pays riches (Allemagne, Canada, E-U, France, Italie, Japon et R-U) y confirmeront leur décision de ne plus financer les centrales à charbon, annoncée publiquement le 21 mai 2021. (1)

C’est un élément de l’enjeu beaucoup plus vaste cependant. La prise de conscience des peuples a beaucoup progressé notamment dans les pays les plus pollueurs que sont les grands pays industriels. La pandémie a ralenti la pression populaire qui, seule et sur tous les terrains, pourra obtenir des avancées et faire reculer la timidité, pour ne pas dire la complicité des Etats libéraux avec les lobbys des puissants intérêts qui, tout en se disant plus verts que vert, n’ont pas l’intention de tuer la poule aux œufs d’or mais de conserver leur source de profits à court terme aussi longtemps que le rapport des forces le permettra.

Car l’idéologie dominante s’efforce de nous convaincre que la cause principale des dérèglements climatiques arrivés à un seuil critique, c’est l’Homme ou plus subtilement “les activités humaines” ? Et le tour est joué.

Ainsi se trouve niée la responsabilité de ceux qui sont les seuls maîtres de la production arrivée à un niveau de développement tel que l’accumulation de la surexploitation de la planète et des hommes produit des conséquences qui font déborder le vase et qui appellent des  changements profonds et urgents, non seulement sur les choix de production mais sur notre manière de vivre et de consommer. Sans oublier en aval la gestion de nos déchets.

Bien entendu cela prendra du temps. Encore faut-il en prendre la direction dans les choix concrets à tous les niveaux, du local au mondial ? Et sans attendre le bon vouloir des pouvoirs en place.

Une  révolution anthropologique inséparable de la révolution sociale…

 …Si elle débouche sur la démonstration que l’obstacle se situe au niveau idéologique et politique,  et qu’il importe de “balayer” l’illusion que le libéralisme pourrait être compatible avec cette mutation, en raison des orientations qu’il met en œuvre et qui répondent aux vœux du grand patronat. Lequel veut garder la main qui distribue les dividendes et dispose du pouvoir absolu dans les multinationales plus puissantes que la plupart des Etats.

 Ce qui rend la révolution écologique inséparable de la révolution sociale, de mieux en mieux compris, sans que ça aille de soi, compte tenu du rapport des forces politiques actuel en France, en Europe et ailleurs. La gauche étant dans l’incapacité de présenter un front uni sur un projet de société axé sur la transformation sociale et écologique et porté par un large mouvement social de résistance et de propositions.

“Inséparable” et non pas “opposable”, comme le montrent les campagnes électorales en cours, à géométrie variable pour se disputer le leadership à gauche alors que l’exécutif actuel rassemble des personnalités issues des rangs de cette gauche co-responsable de la méfiance qu’elle inspire dans les milieux populaires où l’abstention atteint des sommets, proportionnels à la montée de la pauvreté, des inégalités, du chômage massif, l’insécurité en prime.

Comme l’exprime Frédéric Boccara, économiste et dirigeant communiste :”L’exigence de cohérence entre nouveaux objectifs (sociaux et écologiques), nouveaux moyens et nouveaux pouvoirs est déterminante pour le débat à gauche et dépasser les échecs des expériences de  gauche tentées depuis 1981 et l’ouverture de la crise systémique du début des années 1970″

N’est-ce pas le cœur du problème à résoudre pour toute la gauche avec les écologistes qui s’en réclament ?

La crise s’est approfondie, c’est celle du capitalisme et c’est parce qu’elle est mondiale qu’il importe de s’attaquer partout à ses causes, à ses choix politiques, à l’idéologie qui la sous-tend : la dictature de l’argent et la “réussite” proportionnelle à sa possession ! Quel archaïsme ? Avec le pouvoir absolu pour les maîtres de la finance à la tête des multinationales, des banques et des médias. Et leurs représentants à la tête des Etats.

Dépasser ce système ou s’en accommoder ? Telle est l’alternative, à ne pas confondre avec l’alternative progressite  qui consiste à changer les équipes dirigeantes du même système. L’alternance progressiste à  l’ordre du jour, appelle des changements radicaux à la hauteur des enjeux de société. Mais, pour une partie de cette gauche d’opposition, les raisons de cette crise multiple sont encore loin d’être attribuées au capitalisme.

Du coup, c’est l’ambition d’un projet de transformation sociale qui s’en trouve limitée au plus petit dénominateur commun alors qu’il est possible, par le débat public, de le rendre crédible, cohérent, mobilisateur…Car, nous avons aussi du commun, une aspiration profonde à la justice sociale, aux libertés individuelles, à la paix, à l’émancipation humaine dans toutes ses dimensions…

C’est sur le fond d’une transformation sociale et écologique réussie et durable qu’il nous faut débattre et avancer, dans la clarté et dans les luttes qui ne demandent qu’à s’élargir pour peu que la perspective politique se construise simultanément à gauche et avec le peuple.

Pour sortir du libéralisme et construire un avenir de progrès humain sur une planète protégée.

René Fredon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Cette structure internationale, en milieu fermé, quelque peu dépassée…veut faire parler d’elle à la veille de leur réunion. Chiche ! Rappelons qu’il y a encore à travers le monde pas mal de centrales thermiques à charbon, dont 25 en Inde, 19 aux E-U, 17 en Allemagne, 11 en Chine, 10 en Australie, 7 en France, 6 en Pologne, 5 en Russie…)

 

La Chine est le 1er producteur mondial avec 46,7%, les E-U 9,3%, l’Indonésie 8,3, l’Inde 7,9, l’Australie 7,7, la Russie 5,6…La production mondiale ayant augmentée de 146% depuis 1973. Le charbon fait effectivement partie du problème

 

Décarbonons nos vies ,Sortons du libéralisme !