L’éditorial de Pierre-Henri Lab/ Humanité du 15 avril 2025
Combien de postes en moins à l’hôpital, au risque d’allonger les temps d’attente des patients aux urgences ? Combien d’enfants en difficulté scolaire parce que leur professeur absent n’est pas remplacé, ou parce que les élèves sont trop nombreux dans leur classe ?
Combien de demandeurs d’emploi privés d’indemnités, contraints d’accepter un travail précaire et mal payé ? Combien de fins de mois toujours plus difficiles pour les travailleurs comme les retraités ? En annonçant une réduction de 40 milliards d’euros des dépenses publiques en 2026, le gouvernement s’apprête à dégrader encore la qualité des services publics et à appauvrir la population.
Pour justifier ce choix, le ministre de l’Économie Éric Lombard pointe le recul de sa prévision de croissance de 0,9 % à 0,7 % pour cette année, provoqué par la guerre commerciale de Donald Trump. Indéniablement, celle-ci risque d’entraîner une réduction des recettes fiscales, mais les politiques austéritaires ne datent pas d’aujourd’hui : elles abîment le pays depuis 1983.
Le seul budget 2025 prévoit 50 milliards d’euros de coupes, auxquelles se sont ajoutés 5 milliards d’euros de gels de crédits la semaine dernière, sans que cela donne lieu à un débat au Parlement.
Pour faire avaler la pilule, le premier ministre convoque ce mardi une conférence sur les finances publiques afin, dit-il, de sensibiliser les Français « aux pathologies » du pays. En réalité, le chef de la coalition des battus aux dernières élections législatives cherche à poursuivre la politique que les Français ont massivement rejetée dans les urnes.
Il a d’ores et déjà écarté l’hypothèse d’une hausse des impôts pour les plus riches et celle d’une remise à plat des aides publiques aux entreprises. François Bayrou veut faire adopter le budget 2026 avec un minimum de débat et sans vote en recourant au 49.3. La conférence vise donc à s’assurer qu’il ne se trouvera aucune majorité pour voter la censure. Quand il parle de proclamer l’« état d’urgence budgétaire », Éric Lombard ne se trompe pas.
Qui dit « état d’urgence » dit, en effet, suspension de la démocratie.