Au moment où aux USA les grands médias validaient la victoire de Joë Biden, 46è président face au sortant aussi dangereux que caricatural, la pandémie que Trump n’avait pas prise au sérieux, repartait de plus belle à l’échelle du monde et singulièrement aux Etats-Unis mais pas que…Qu’on en juge.

 Le bilan au 7/11

Etats-Unis  236 099 décès,  Brésil  162 015,   Inde  125 562,   Mexique  94 323,     

Royaume-Uni  48 475,  Italie  40 638,  France  39 865,   Espagne  38 833,  Iran  37 832…   

Pérou, Argentine, Colombie suivent avec +30 000  chacun..

A noter que dès le 8/11 la France atteignait les 40 169 décès. Elle occupe la seconde place pour le bilan des décès enregistrés la veille : E-U 1 149 et 828 pour la France

Au nombre de contaminés, la France est en 4è position mondiale avec 1 661 853(1,6) derrière les E-U (9,7) l’Inde (8,4) et le Brésil (5,6)

Ces nombres ne reflètent qu’une fraction des contaminations. Certains pays ne testent que les cas graves, d’autres utilisent les tests en priorité pour le traçage et nombre de pays pauvres ne disposent que de capacités de dépistage limitées.

Plus de 60 000 nouveaux cas ont été enregistrés en 24 h, en France  ! Un nouveau record et une illustration de l’accélération de la pandémie qui double les statistiques de la mi-octobre alors qu’on n’a pas atteint le pic attendu vers la mi-novembre.

Un niveau catastrophique” pour la  chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine, Karine Lacombe : “On ne comprend pas comment on a pu en arriver là, alors qu’on a connu la première vague, qu’on a maintenant beaucoup d’outils de prévention”, a ajouté l’infectiologue, en suggérant qu’ils ont été mal utilisés et que les moyens humains et les lits manquent toujours cruellement.

Le constat

Le gouvernement s’étonne que son plan de lutte se traduise par une plus grande mobilité des Français qui se déplacent deux ou trois fois plus depuis le 30 octobre tandis que les entreprises freinent le télé-travail et que lycées et collèges restaient ouverts. Est-ce pour en arriver là qu’il faut proclamer l’état d’urgence sanitaire ?

En visite à St-Etienne ce samedi 7/11, le 1er ministre a évité de souligner cette réalité mais a assuré que la courbe s’infléchissait…Sous-entendu, “on a la bonne stratégie” ! Ah bon ! Mais pas les résultats, ils traduisent les conditions sanitaires encore plus dégradées qu’au printemps. Mais c’est bien sûr….la faute au covid !

Tous les services de réanimation sont saturés presque partout et les personnels également qui l’ont dit à Jean Castex, co-responsable à l’origine de cette politique sacrifiant délibérément l’hôpital public depuis plus de 20 ans.

A côté du CHU qui n’en peut plus, l’hôpital privé de la Loire (HPL) du groupe Ramsay, impliqué dans la lutte contre la covid,  est contraint de multiplier les transferts de patients vers d’autres régions confirmant l’ampleur de la pandémie.

Les syndicats les plus revendicatifs n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme et d’agir mais rien -ou si peu- ne change, d’année en année. Les soignants(es) n’ont que faire des quelques phrases saluant les “premiers de cordée”.

C’est ce que rappelait à Toulon, il y a deux semaines le Dr Carret, délégué varois de l’association des médecins-urgentistes dans une tribune plutôt décapante, parlant “d’un hôpital public essoré, saigné, désarmé, contraint et dans le rendement…vidé de 120 000 lits en 20 ans…C’est avant la crise qu’il faut se bouger, secouer, bouleverser les systèmes…Pendant et après c’est fini, c’est trop tard…on ne doit surtout pas plonger dans la résignation, l’écoeurement et la colère mais essayer de rester dans l’action et sur l’essentiel, c’est-à-dire se recentrer sur les malades… (1)

Il met clairement en cause les parlementaires qui votent la loi de financement de la sécurité sociale et donc les orientations et les actes qui nous ont conduits dans cette situation.

On se souvient de la pénurie des masques au début de la pandémie : ils n’étaient pas jugés indispensables ni même utiles…puisqu’on n’en avait pas ! Aujourd’hui on est sanctionné lourdement si l’on n’en porte pas dans l’espace public car ils sont reconnus comme le moyen le plus efficace de se protéger et de protéger les autres, c’est largement admis.

La parole publique en a pris un coup, d’autant que les incohérences ne manquent pas au sein du gouvernement qui cherche à préserver l’économie très fortement affaiblie et qui voit se prolonger la menace de vagues successives dont la durée ne peut être évaluée en l’absence de vaccins et de traitements spécifiques. Tout en négligeant les moyens sanitaires de nos hôpitaux publics.

Les conséquences

Situation qui entraîne des conséquences sociales considérables parmi les populations les plus fragilisées mais aussi par des catégories sociales diverses que menace le chômage pour les salariés(es), même partiellement couvert pour certains, pour les petits et moyens commerçants et artisans contraints à ne plus travailler ou à travailler à perte, les petits agriculteurs(ices) déjà en grandes difficultés…comme nombre de PME et d’auto-entrepreneurs.

La covid-19 n’est pas la cause première de leurs difficultés mais elle les a amplifiées et accélérées.

Au point que 34% des Français(es) déclarent boucler difficilement leur budget et que 14,8% vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Soit 1063 euros pour une personne seule. Cela concerne 9 millions de personnes. Ce qui recoupe le fait qu’un foyer sur trois dit avoir subi une perte de revenus depuis l’apparition du virus et que la moitié considère être une perte importante.

Or chacun a pu remarquer que les préoccupations premières de ce pouvoir libéral vont très prioritairement à la situation financière des grandes entreprises et non à celles et ceux qui ne mangent pas tous les jours à leur faim.

L’économie va mal et cela ne peut être ignoré. L’équation à résoudre n’est-elle pas de prioriser d’abord la question sanitaire qui concerne des vies à sauver tout de suite et de faire en sorte que la crise économique, sociale et écologique fasse simultanément l’objet d’un débat clairement posé de manière à éviter de reproduire les mêmes aberrations politiques qui nous orientent vers la fin des services publics et la marchandisation de tout, y compris de la santé et des médicaments…pour nous en tenir à ce secteur.

Les solutions

Interrogé le 4/11sur LCP sur l’urgence de la situation Fabien Roussel, secrétaire national du PCF a déclaré qu’il fallait “un confinement strict, dur, ferme…Il y a encore beaucoup trop de gens qui travaillent. Ma grande préoccupation c’est que d’ici 10, 15 jours, nos hôpitaux ne seront plus en capacité de soigner toutes les personnes contaminées maintenant, l’épidémie est en train d’enfler dans tout le pays (…)La seule réponse est un confinement strict, dur, ferme, c’est le seul moyen de protéger nos concitoyens de ce virus mortel”

Le président de la fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, par ailleurs maire (de droite) de Fontainebleau a déploré une”situation hors norme, des scénarios jamais connus dans notre pays, et des soignants aujourd’hui obligés de faire des choix douloureux entre les patients à soigner et ceux à déprogrammer. Ça renvoie à des débats éthiques compliqués” a-t-il insisté plaidant pour un renforcement des restrictions.

Je sais bien les tensions économiques et sociales, mais la bataille, c’est celle du virus, sinon on est parti pour des mois”.

L’heure n’est pas aux postures ni aux effets de tribune. S’il n’y a pas de remède mirâcle à très court terme, l’objectif sanitaire prévaut sur tout le reste qui, d’ailleurs, en dépend.

Quant à l’après-covid, le consensus n’est pas prêt de se faire. Pour Macron et son ministre des finances, notamment, s’ils reconnaissent que le système actuel est à bout de souffle, ils veulent….”un nouveau capitalisme qui soit plus respectueux des personnes, plus soucieux de lutter contre les inégalités et plus respectueux de l’environnement.” A moins d’être naïfs les bonnes intentions ne constituent pas une rupture avec les logiques néolibérales conduisant à la recherche de la rentabilité maximale du capital investi.

D’autres, parfois classés “à gauche”, se contenteraient “d’aménager” le capitalisme dans le sens d’une gestion plus sociale. Après plus d’un siècle de pratiques, en France et ailleurs, le réformisme n’a fait qu’aider le capitalisme à maintenir sa domination sur les peuples et la planète saccagée  qu’on a sous les yeux.

Pour les communistes ainsi que de très nombreux progressistes, la crise sanitaire condamne le capitalisme parce qu’il est à l’origine des politiques d’austérité visant à asphyxier les services publics au profit du secteur privé, ce qui se traduit dans le secteur public, par la réduction du nombre de praticiens et de personnels soignants, de services et de structures hospitalières, de lits…aggravant les conditions de travail des personnels sous-payés en même temps que la sécurité des patients. 

Ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, fer de lance historique du capitalisme dominant le monde et de la soi-disant “démocratie”, illustre tristement l’absence de débat sur le fond des enjeux qui sont posés avec acuité devant tous les peuples.

A chacun de s’en saisir.

 

René Fredon

 

(1)

https://www.varmatin.com/sante/dr-vincent-carret-sagiter-face-a-la-crise-cest-trop-tard-cest-avant-quil-fallait-ecouter-et-reagir-593332?t=NmE3NTcwYTQwODcxZjg0YmMzMjhkYmU3ZmRiYWQwZjhfMTYwNDgyNTgxMjY0M181OTMzMzI%3D&tp=viewpay