
Bonjour à chacune et chacun d’entre vous,
Cette lettre s’invite dans votre courrier, à quelques encablures des fêtes de fin d’année que je vous souhaite les plus belles possibles avec vos familles et vos amis.
Le réconfort, les liens, l’affection, la fraternité et la sororité ne sont pas superflus dans les turbulences d’une marche du monde sous autorité du capitalisme financier et militarisé.
Une expérience récente de présentation de mon livre « Un monde à la renverse » dans une librairie d’un petit bourg du centre Bretagne (Le Faouët- librairie « Le temps de vivre » ) où s’est pressé un dimanche matin une quinzaine de personnes que je n’avais jamais vues auparavant, m’invite à réfléchir sur le nombre de citoyens actuellement en recherche de discussions, d’idées, de projets. Qu’au cours de cette matinée d’un dimanche matin, 11 livres ont ainsi été acheté en dit long sur les désirs, les envies de compréhension d’un monde à la renverse et les moyens de le mettre à l’endroit sur les chemins d’un nouveau progressisme. Sans doute, des millions de citoyennes, de citoyens sont prêts à se mobiliser dans des actions unitaires, constructives pour élaborer du neuf. Ils peuvent devenir une force citoyenne et populaire pour conjurer le pire. Cela nécessite de créer du lien, de la discussion apaisée, argumentée, de l’écoute, loin de la folie destructrice des basses polémiques et des approximations et imbécilités que l’on peut lire sur des réseaux devenus « a-sociaux ».
La catastrophe serait de laisser faire les choses. C’est ce que dit, à sa façon, dans des contradictions, dans des interrogations, le mouvement paysan qui ne s’est, en définitive, jamais arrêté depuis deux ans. La crise de sens du métier de travailleurs –paysans s’aiguise. Avec elle s’approfondit aussi la crise de la démocratie et de la perspective si les choses ne sont pas placées là où elles doivent l’être : dans ce rapport d’exploitation et de spoliation du capital sur le travail. Laisser penser que ce rapport devient second au bénéfice d’une lecture et d’appel à la lutte entre « les élites » et « le peuple » conduit aux pires dérives jusqu’à mettre en cause l’État social ou « l’État régulateur », les services de santé et vétérinaires. Elle ouvre la porte à tous les « régressismes de la pensée » et à la montée de la pire réaction comme on le voit avec la commission d’enquête parlementaire sur l’audiovisuel public ou celle qui fait – sans preuves – l’amalgame entre La France insoumise et la pénétration de l’islamisme ou les déchaînements informationnels faisant le lien entre les assassins des attentats et crimes terroristes antisémites à Sydney et la cause palestinienne, alors que les protagonistes se revendiquent de Daech.
Il est utile de revenir et de tirer les leçons de la commission d’enquête parlementaire sur l’audiovisuel Public. J’ai pris le temps de visionner plusieurs auditions. Il ne s’agit plus d’une commission parlementaire, mais d’un tribunal qui a par avance décidé de condamner les responsables des chaînes publiques de radio et de télévision et de privatiser ce pôle public pour laisser place nette à des médias propriété des plus grands capitalistes du pays. Le rapporteur du parti Ciottiste de droite extrême, petit pont et supplétif de l’extrême droite, donne exactement à comprendre ce qui arriverait en cas de victoire de celle-ci. Comme au temps de l’inquisition, cet obscur rapporteur pose parfois dix fois la même question sans jamais écouter les réponses. Il ne suffit pas de commenter, voire de critiquer ce que dit et fait Trump aux États-Unis. Cela se passe aussi ici désormais sans qu’aucun lien ne soit fait. À ceci, s’ajoute les menaces physiques et menaces de mort contre des médias et des journalistes comme on le voit contre les médias en ligne « Street-Press ». Dans un tel contexte, fous ceux qui continueraient à faire profession de procès d’intention contre des forces de gauche et écologistes qualifiées « d’extrême gauche » à manier les insultes et les graines de haine. Quand on observe la manière dont Thomas Legrand et Patrick Cohen ont été passés sur le gril de la commission d’enquête, on comprend que nous y passerions toutes et tous dès lors qu’on ne se rallierait pas au parti de l’ordre.
De loin en loin, c’est la propagande Trumpienne qui s’impose et s’élargit jusqu’à interdire plusieurs partis communistes dans l’ère de L’Europe Orientale, dont récemment en Pologne, à partir du trait d’équivalence entre Nazisme et communisme qui malheureusement n’a pas fait l’objet des combats idéologiques nécessaires.
Ceci n’est pas éloigné de l’indispensable travail d’analyse qu’il est indispensable de produire sur l’élection au Chili d’une personnalité d’extrême droite, fils de Nazis, se revendiquant de Pinochet. Ceci a lieu après une série d’autres basculements électoraux dans plusieurs pays d’Amérique Latine vers les droites extrémisées et l’extrême droite. La stratégie dite « du populisme de gauche » théorisée par des philosophes et responsables politiques ne fait preuve d’aucune efficacité et détruit les gauches transformatrices tandis que Trump asphyxie Cuba et s’apprête soit à envahir le Venezuela ou à y organiser un coup d’État. Les aspirations populaires ne peuvent trouver de débouché positif si le peuple lui-même ne s’empare pas de son destin dans la cité comme sur les lieux de travail.
Dans un tel contexte, les forces de gauche et écologistes devraient avoir autre chose à faire que de s’enfermer dans leurs petites « chikayas » qui désarment les travailleurs et le peuple qui n’en peut plus. Une unité des forces progressistes devrait mener la bataille pour que ne ferme pas l’entreprise Brand et que ne soit pas affaibli ou fermé au moins 165 sites industriels effacés de tous les radars médiatiques et politiques. Depuis le début du mois de septembre c’est 10 000 emplois qui sont en cours de suppression ou menacés sur le territoire national. C’est sûrement là qu’il faudrait dépenser de l’énergie militante comme dans le combat contre les inégalités jusque dans la mort, comme vient de le révéler une enquête, ou les projets dits « omnibus » de la Commission européenne qui, au nom de la compétitivité capitaliste, détruit pan par pan toute une législation visant à préserver l’environnement, le climat et la santé.
Empêcher le trumpisme, l’alliance des extrêmes droites et des droites contre les travailleurs, la destruction du camp progressiste exigent de déployer l’initiative citoyenne, l’initiative pour le pouvoir sur le travail, la production, la création, la distribution, le numérique, l’initiative communiste. Cela ne peut se faire que dans les discussions sérieuses à partir d’analyses documentées, la Co-élaboration dans le respect de chacune et de chacun, l’action commune pour une visée progressiste de transformation démocratique, sociale, écologique, féministe, antiraciste et pour un monde de paix et de sécurité humaine globale. Le Chantier est immense, difficile, mais c’est dans les prochains mois, en 2026, qu’on peut empêcher le pire d’advenir en 2027.