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Au-delà d’un budget, c’est un projet politique pour le capital !

Le Premier ministre n’a pas seulement présenté un projet de budget. Il a esquissé de profondes contre-réformes structurelles, sociales et économiques. C’est un projet politique et économique pour le grand capital dans la droite ligne de celui de Milei en Argentine et de Trump-Musk aux États-Unis, poussé par les dirigeants Allemands qui contrôle une part de la dette publique Française.

La dette publique est certes élevée, mais il convient de faire réfléchir sur ses origines. Elle n’est ici que le prétexte à une déstructuration fondamentale des conquis de 1945 et de ceux des premiers mois du gouvernement issu des élections présidentielles et législatives de 1981.

Des éléments sont clairement annoncés, d’autres sont laissés dans le clair-obscur comme la fin de la cinquième semaine de congés payés, la transformation de la Sécurité sociale dont le financement ne serait plus assis sur le travail, mais vraisemblablement sur des recettes de TVA supplémentaires, du statut de la fonction publique déjà entamé.

On n’a par exemple pas à se  vautrer dans les bras de Retailleau et consorts sur l’armement ou pas des polices municipales alors que l’enjeu est le statut des corps nationaux des polices et de la gendarmerie et leur nombre réduit sans cesse au regard des besoins. Il s’agit d’un transfert de charges vers les collectivités territoriales déjà en difficulté et du démantèlement des statuts, auquel il faut ajouter une privatisation plus grande des services de sécurité. En toute chose, nous avons au nom de la République et de l’égalité républicaine à mener un combat politique de haute qualité et de haute intensité.

Cela vaut pour la préparation du budget. Une majorité de nos concitoyens refusent la totalité ou des parties des dispositions annoncées. Mais, tout en protestant, ils peuvent se trouver dans la situation d’accepter même en colère. Nous avons la responsabilité de tout l’été de porter des explications, des alternatives dans des cadres populaires et unitaires. En ce sens, on mesure l’utilité de réactiver les comités du nouveau Front populaire et de faire cesser l’acide venin des polémiques. Car, si la bourgeoisie peut se permettre d’avancer un tel plan, c’est aussi parce qu’elle considère que la gauche peut être tétanisée dans sa désunion, encastrée dans les habits du présidentialisme et d’un parlementarisme qui sert à déposséder les travailleurs des choses qui les regardent. Les citoyens, les travailleurs, les créateurs doivent dépasser cela et porter dans l’unité le combat contre un pouvoir dont la légitimité est inversement proportionnelle à la violence de ses coups de force.

Les gauches politiques, sociales, intellectuelles, des associations, des organisations syndicales ne peuvent rester dans cette situation. Continuer dans les désunions, les piques et les flèches peut faire plaisir parfois. Seulement une flèche décochée contre son voisin n’attend jamais la cible principale : le grand capital et ses petits commis qui occupent les palais gouvernementaux.

En ce sens, je milite pour déployer l’initiative communiste. Celle-ci n’est pas un renfermement sur soi et l’entre-soi, mais le ferment de rassemblements locaux, départementaux, régionaux, nationaux, européens à partir des préoccupations populaires. L’Initiative communiste réunit, rassemble, assemble des travailleurs, des citoyens de toute opinion pour décider ensemble d’actions après un décorticage des dispositifs présenté par le Premier ministre. Elle ne remplace pas l’indispensable travail syndical. Elle ne s’y superpose pas. Elle le prolonge, le nourrit parce qu’elle porte la perspective du commun, de la mise en commun d’un élan créateur pour battre les idées du capital, empêcher de nourrir l’extrême droite et inventer de nouveaux chemins de conquête de pouvoirs nouveaux des citoyens sur leur vie, le travail, l’organisation de la société, la coopération avec les autres peuples contre la guerre et le surarmement.

Ce travail militant est indispensable dans des milliers de tracts, d’idées circulantes sur les réseaux et dans des réunions petites et grandes.

Ayons conscience que la même citoyenne ou citoyen en colère peut accepter par lassitude ou parce qu’il se sent seul, isolé. Le rejet passif et le sentiment de ne rien y pouvoir peuvent conduire aussi à alimenter l’extrême droite qui, comme on le voit à nouveau, pourrait accepter ce budget moyennant une chasse plus grande aux droits des immigrés, et familles d’immigrés.

L’argument de « la dette » est écrasant pour beaucoup de gens. Et le pouvoir fait croire qu’on doit rembourser trois mille milliards en un, deux ou trois ans. Entre parenthèses, lors de la dernière élection présidentielle, les laquais de la bourgeoisie accusaient des candidats de gauche d’aggraver la dette de 100 milliards. Eux l’ont augmentée, non pas de 100 milliards, mais de 1000 milliards.

L’argument du « travailler  plus » et tout ce qui l’accompagne cache une mise en concurrence encore plus grande des travailleuses et travailleurs avec celles et ceux du reste du monde dans le cadre de la « libre concurrence » qui conduit aux délocalisations, à la destruction du travail vivant et à l’importation de « travail mort ». Et le pouvoir ne dit mot de la hauteur des taxes douanières imposées par Trump et de l’appréciation du dollar qui fait que le fameux « travailler plus » ne profitera qu’au grand capital des États-Unis.

C’est une nouvelle phase de l’exploitation capitaliste que propose le pouvoir. C’est un projet s’inscrivant dans la bascule mondiale visant à marchandiser encore plus les vies, le travail, les biens publics avec de nouvelles privatisations, la protection sociale et la santé. Dans un contexte si grave qui dégage le terrain à « l’hyper-capitalisme » et sa béquille, l’extrême droite, nous serions fous de ne pas rechercher les chemins de l’unité dans l’action.

S’expliquer

Quelle est la cause de la dette ?

1. Depuis 2017, les baisses d’impôts et de prélèvements représentent au moins 308 milliards d’euros de manque à gagner pour les finances publiques. Sur cette somme, 207 milliards sont constitués de rabais fiscaux aux grandes entreprises et aux plus fortunés.

2. C’est faux. « Nous sommes devenus accros à la dépense publique » l’augmentation de la dette  n’est pas le résultat d’une augmentation inconsidérée des « dépenses publiques « qui devraient plutôt être appelé « investissements sociaux et humains. »

Entre 2017 et 2024, ceux-ci sont passés de 57,7 % du PIB à 57,2 % du PIB. La hausse de la dette publique vient donc essentiellement d’une insuffisance de recettes : entre 2017 et 2024, les recettes publiques sont passées de 54,3 % du PIB à 51,4 % selon l’INSEE.

3.Quand F Bayrou dit « moins faire peser sur le travail le financement de la protection sociale » : on doit entendre que la TVA augmentera sous forme de TVA sociale. Cela permettra au grand patronat de ne pas à avoir à augmenter les salaires puisque le salaire brut deviendra le salaire net et la protection sociale diminuera. Elle sera maintenue pour celles et ceux qui pourront payer des assurances sociales privées et s’assureront une ne retraite par capitalisation.

4. Un autre budget est possible

Si on raisonnait comme le pouvoir actuel, qui dans ses projections tient bien compte de la nourriture aux marchés financiers qui vont atteindre soit pas loin de 70 milliards désormais d’intérêts de la dette, des cadeaux qu’ils vont continuer à offrir aux plus fortunés et au grand capital, du surarmement en cours, on peut trouver 40 milliards dès l’année 2026 tout en protégeant les petites et moyennes entreprises.

– La taxe dite Zucman, qui consiste en un prélèvement de 0,1 % sur les 1800 foyers les plus fortunés, rapporterait entre 15 et 25 milliards.

– Un impôt sur la fortune (ISF) modernisé rapporterait 10 à 15 milliards d’euros ;

– La suppression de la flat tax, pour rétablir la progressivité de l’imposition des revenus financiers, rapporterait 9 milliards selon l’Institut des politiques publiques ;

– La taxation unitaire, pour mettre fin à l’évasion fiscale des multinationales, rapporterait 18 milliards ;

Comme vient de le montrer une commission sénatoriale dont le rapporteur est Fabien Gay il existe 211 milliards d’aides publiques aux entreprises constituées très majoritairement de « niches fiscales et sociales » sans contrôle.

La participation des revenus financiers du capital au financement de la sécurité sociale comblerait largement les déficits des caisses dont on nous parle tant.

Bref, c’est une autre orientation qu’il faut mettre en débat partout pour créer un nouveau rapport de force.

Il ne s’agit ici que d’orientations comptables. Elles sont évidemment insuffisantes. C’est une autre cohérence économique, politique, démocratique, écologique  qu’il convient de mettre entre les mains des travailleuses et des travailleurs, des retraités et de la jeunesse. En effet, il faut dépenser plus dans l’investissement humain et écologique. Au projet de l’hyper capitalisme opposons, l’urgence de l’émancipation, l’urgence de la justice et de la paix. La question fondamentale à mettre en débat est celle des moyens et des chemins pour un dépassement du capitalisme jusqu’à son abolition. Mettre la question du choix d’un autre système en débat et en actions ouvrira des perspectives autres que celle d’un enfermement dans une gestion plus ou moins grande d’un système mité par ses contradictions fondamentale. J’y reviendrai.

L’heure est à organiser une grande campagne d’explications et de préparer des actions unitaires bien au-delà de ce qui é été fait ces dernières années. C’est l’initiative communiste dont tout le monde peut devenir propriétaire.

 

la lettre de Patrick LE HYARIC 

Au-delà d’un budget, c’est un projet politique pour le capital !