Sarkozy harangue ses soutiens de droite et d’extrême-droite

 

Bizarre, il y a des gens de droite qui s’étonnent qu’il n’y a que de hautes personnalités de droite qui sont condamnées sous un gouvernement de droite ? Sarkozy, Guéant, Hortefeux…après Fillon, Rachida Dati qui va devoir répondre de corruption et de trafic d’influence, aux côtés de l’ex-directeur de Renault-Nissan. Elle est toujours ministre et tête de liste à Paris pour les municipales, ça tombe mal, pour la droite !

 

On pourrait y ajouter le chantage homophobe du maire LR de Saint-Etienne, Gaël Perdriau et de ses collaborateurs cherchant à piéger le 1er adjoint. Au 5è jour de son procès à Lyon, il se dit prêt à démissionner « si la moindre culpabilité était retenue », ce qu’il n’envisageait pas auparavant. Pour l’instant il est présumé innocent. Laissons la justice faire son travail.

 

Elle l’a fait pour le procès de Sarkozy ainsi que deux de ses ministres les plus proches, entre autres. L’ancien chef d’Etat et ministre de l’Intérieur conteste sa condamnation et fait appel, ce qui est son droit. Mais il va très loin : il fustige publiquement la décision de la Justice et la personnalise à travers la présidente du tribunal. Il parle publiquement d’un complot politique le visant, ce qui est particulièrement grave ???

 

Volontairement il suscite une levée de boucliers parmi ses soutiens de droite et d’extrême-droite, Marine Le Pen, dans une situation comparable, étant la première à soutenir la réaction violente de l’ex-président de la République qui promettait de rendre moins laxiste la Justice qui est la même pour tous et qui est INDEPENDANTE, le président en étant le garant ! Il ne l’est plus et s’indigne d’un traitement qui ne lui convient pas en parlant de politisation du tribunal ?!

 

Gravissime, à tel point que la présidente a tout de suite été menacée de mort, le parquet a immédiatement ouvert une enquête. Il ne nous faut pas perdre de vue que ce n’est pas la Justice qui fait les lois, ce sont les législateurs. Elle les applique. En la circonstance c’est la droite qui a durci la législation, pas les magistrats…a souligné Dupont-Moretti, l’ex-garde des Sceaux de Macron, interrogé par BFMtv ce dimanche.

 

Il a fallu l’interpellation du syndicat de la magistrature (SM) contre le silence de l’Elysée pour que Macron réagissse enfin, sur X pour rappeler que « L’État de droit est le socle de notre démocratie. L’indépendance de l’autorité judiciaire, son impartialité comme la protection des magistrats qui la rendent, en sont les piliers essentiels », a-t-il déclaré sur X ajoutant que « Les attaques et menaces de mort, anciennes ou récentes, sont inadmissibles… Les décisions de justice peuvent être commentées ou critiquées dans le débat public mais toujours dans le respect de chacun »

 

L’Union syndicale de la magistrature (USM) considère elle aussi  « qu’ »il s’agit d’un délit incriminant un groupement établi en vue d’une infraction dont l’instruction a les preuves. »

 

Sarkozy fait partie des puissants, il n’apprécie ni la condamnation, ni l’exécution provisoire alors qu’il y a appel et donc présomption d’innocence. On peut en discuter mais ce ne sont pas les juges qui en sont responsables. Avant que ça ne le concerne, il n’avait pas du tout fait campagne contre ceux qui avaient voté pour ces dispositions et pour cause.

 

A noter que l’ancien chef de l’État a été déjà condamné en appel dans l’affaire Bygmalion et en cassation dans l’affaire Bismuth . Dans l’affaire libyenne, le procureur demandait 7 ans de prison et 300 000 euros d’amende, inéligibilité et interdiction d’exercer une fonction juridictionnaire.

 

Et il voudrait qu’on le suive dans sa prétention à parler de  « violation de l’Etat de droit » ? Il faudrait oublier avec quel mépris, entouré de ses gardes du corps, il tançait de « racaille » ses contradicteurs des cités populaires. Lui, habite Neuilly et ne manque de rien. La perspective de Fresnes le stimule dans sa bataille pour l’éviter.

 

A gauche, il y a unanimité pour prendre acte d’une condamnation qui met fin à une longue période de silence et de recherches judiciaires sur maintes affaires suspectes dont la droite craignait les conséquences politiques. A juste titre : le RN a aspiré nombre de ses cadres et de ses électeurs.ces.

 

Cela risque d’accentuer plus encore la division entre les blocs libéraux et ultralibéraux de celui d’une gauche sociale et écologiste de rupture, pour sortir des crises multiples qui affaiblissent notre pays ingouverné, orienté vers la continuité qui accentue jour après jour les inégalités.

 

Cela au détriment des plus modestes et au profit des riches et très riches, sans perspective ni volonté de redressement industriel et agricole dans un environnement respecté et avec des services publics et sociaux renforcés.

 

Ne laissons pas détourner le débat public, la justice est une grande question sociétale. La victimisation de Sarkoy en est une autre.

 

 

René Fredon