Commission économique du PCF
Face à l’agression trumpiste, développer en commun la France, l’Europe, le monde par les services publics et l’emploi-formation
Un fauve blessé devient dangereux !
Donald Trump annonce la « libération » des États-Unis en imposant des droits de douane particulièrement lourds sur les importations de produits européens, et plus encore sur ceux qui viennent de Chine.
Le but de ce chantage : raffermir la domination de l’impérialisme américain en un moment où elle est contestée par les BRICS et le « Sud global », où les délocalisations opérées par ses multinationales ont fragilisé sa base industrielle et sociale auprès de son peuple. L’Oncle Sam, figure du grand capital, veut consacrer toute son énergie à affronter la Chine, mais n’a plus les moyens financiers de tenir tous les fronts.
Parce qu’il n’est plus sûr de sa force, il est obligé de la montrer.
La clé de cette stratégie : le dollar, son hégémonie sur l’économie mondiale, son « exorbitant privilège » qui permet à Wall Street d’assécher les capitaux du monde entier pour venir sauver la rentabilité des multinationales étatsuniennes. Trump et ses conseillers n’en font pas mystère : leur guerre commerciale vise à imposer à leurs partenaires une baisse du cours du dollar, nécessaire pour inonder nos pays avec le made in US, tout en préservant son statut de monnaie commune mondiale de fait. Les Européens, tout particulièrement, sont sommés d’apporter leurs capitaux pour financer les dépenses d’armements des États-Unis et les avancées technologiques monopolistes des GAFAM : « achetez des Bons du Trésor US à 100 ans, voire perpétuels ! ». Chantage auquel se joint le camp de la capitulation par les voix de Ursula von der Leyen et ChristineLagarde.
Comment mettre en échec la guerre commerciale voulue par Trump ? Pas en allant au-devant de ses désirs et en s’enfonçant dans une « économie de guerre ». Mais en mettant le paquet sur ce qui doit faire la force de notre économie et de celles des autres pays européens, les capacités créatives des hommes et des femmes. Notre but commun doit être de relever les défis humains de la mal-vie, de l’emploi et de la pauvreté, les défis écologiques et climatiques.
Nos économies sont malades ? Plutôt que se couper un bras, de s’aliter, ou de demander au voisin des béquilles, « les malades ont besoin d’exercice », d’activité et de se muscler : développer les capacités humaines équipées : dépenses humaines et sociales en priorité, de façon massive ― emploi, éducation, formation tout au long de la vie ―, l’investissement matériel les accompagnant et non l’inverse ; œuvrer à un nouvel ordre économique (et politique) international.
Cela signifie mettre fin à l’austérité. Sous le poids des réalités, la conscience de cette exigence fait son chemin jusque chez les dirigeants allemands ou chez Mario Draghi ; mais ils en profitent pour appeler à renforcer encore notre dépendance envers les marchés financiers.
Et tendons la main à tous les peuples du monde, y compris le peuple des Etats-Unis, qui souffre lui aussi. Les forces existent, en Europe et dans le monde, pour imposer pacifiquement une alternative : mobiliser la création monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) dans un fonds de développement des services publics, abaisser le coût les crédits bancaires d’autant plus que les investissements matériels et de RD qu’ils financent développent l’emploi, la formation en commun et diminuent les émissions de GES ; pénaliser les investissements qui détruisent l’emploi, la planète et les exportations de capitaux pour la spéculation ou pour les suppressions d’emploi.
Mettre en commun les forces des pays du Nord et du Sud en créant une monnaie commune mondiale de coopération, alternative au dollar-US, pour apporter aux 8 milliards d’habitants de la planète les fonds dont ils ont besoin pour déployer pleinement leurs capacités et relever le défi climatique. Revoir les règles de libre-échangisme, non pour se refermer mais pour développer les Biens communs de l’humanité (climat, eau, énergie, emploi, services publics, culture, démocratie…) et aller vers un partage des technologies. C’est dans ce sens qu’il faut transformer l’ordre économique, monétaire et financier international. Nous appelons à une conférence financière mondiale pour une monnaie commune mondiale de coopération et une réforme profonde du FMI.
C’est cette cohérence politique qu’il faut affirmer avec le sang-froid et la détermination qu’exigent l’agression trumpiste et la menace de l’extrême-droite chez nous.
Elle implique d’agir sur la BCE, les banques et les entreprises, en prenant appui sur les mobilisations sociales et les exigences citoyennes, pour qu’elles entrent dans une autre relation avec la société et s’engagent sur ce chemin de progrès.
3 avril 2025