L’HUMANITE: Les revenus des 1% des Francais…
En 20 ans, les revenus des 0,1% des Français les plus riches a augmenté 2,6 fois plus vite que pour les autres…
Dans sa dernière livraison, l’Insee nous offre une plongée dans la France des riches. Elle dresse ainsi une sorte de portrait-robot des plus fortunés (professions, lieux d’habitation, etc.), en rappelant au passage que leur taux d’imposition a diminué au cours des dernières années et que les inégalités se sont accrues.
Les hauts salaires, concentrés dans les grandes banques et les entreprises parisiennes, bénéficient de privilèges fiscaux qui creusent encore davantage l’écart avec la majorité des Français.
© Michel GAILLARD/REA
A-t-on plus de chance de devenir millionnaire en étant joueur de foot professionnel ou cadre supérieur dans une banque ? Et lorsqu’on est riche, paye-t-on plus ou moins d’impôt sur le revenu en 2023 qu’en 2015 ? L’Insee, dans son dernier portrait social de la France, s’intéresse aux plus fortunés, à travers plusieurs prismes.
De cette étude fourmillant de données, il ressort tout d’abord qu’entre 2003 et 2022, le revenu moyen des foyers à très hauts revenus a plus que doublé en euros courants (+ 119 %), soit une augmentation 2,6 fois plus forte que pour le reste des foyers fiscaux. Le revenu annuel moyen des foyers à très hauts revenus est ainsi passé de 469 000 euros en 2003 à 1 million d’euros en 2022, soit une croissance annuelle moyenne de 4,7 %, contre 2,0 % pour les autres foyers fiscaux.
Comment est composé leur revenu ? Sans surprise, là où les comptes bancaires de l’immense majorité des Français sont alimentés à 90 % par les salaires, pensions et retraites, les revenus des plus riches sont à l’inverse composés à 47 % de dividendes ou revenus d’obligations, à 38 % de salaires, à 11 % de bénéfices professionnels et à 3 % de revenus financiers.
De fait, si leurs revenus ont progressé beaucoup plus vite que ceux de la majorité des Français, c’est principalement du fait de l’augmentation des revenus financiers (grâce au dynamisme des marchés financiers) et fonciers (hausse des prix de l’immobilier).
Ces foyers les plus fortunés peuvent dire merci à Emmanuel Macron et plus généralement aux gouvernements libéraux qui se succèdent depuis plus de 20 ans. Entre 2003 et 2022, le nombre de tranches d’imposition sur le revenu a chuté, passant de sept à cinq, pendant que le taux marginal (sur la fraction de revenu la plus élevée) passait de 48 % à 45 %.
À partir de 2017, la création de la flat tax (prélèvement forfaitaire sur les revenus financiers) a incité les entreprises à accroître leurs versements de dividendes… À l’arrivée, les taux d’imposition moyens des foyers à très hauts revenus ont chuté de 3,5 points en 20 ans, pour tomber à 25,7 % en 2022.Les hauts salaires concentrés dans les banques et grandes entreprise…
Lorsqu’on s’intéresse uniquement aux salaires (et non plus à l’ensemble des revenus), on s’aperçoit que 1 % des postes salariés du secteur privé étaient rémunérés, en 2023, plus de 10 219 euros net par mois, soit 7,5 fois le SMIC et 4,7 fois le salaire médian. Cela concerne 175 000 équivalents temps plein dans le secteur privé.
Si on devait dresser le portrait-robot de ces salariés surpayés, on pourrait dire qu’il s’agit à 76 % d’hommes, âgés à 58 % de 50 ans ou plus, qui travaillent à Paris (30 %) ou dans les Hauts-de-Seine (24 %). Il s’agit le plus souvent de cadres à hautes responsabilités (61 %) ou de salariés assurant la direction de leurs entreprises (21 %). Sans surprise, ces salariés travaillent surtout dans les grandes banques et les géants de l’audit.
Si l’on se concentre uniquement sur les 100 postes les mieux rémunérés en 2023, on s’aperçoit que 36 sont des sportifs professionnels (principalement des joueurs de foot), 31 des dirigeants salariés et 24 des cadres à haute responsabilité (hors finance).
Là encore, la mobilité sociale n’est pas vraiment de mise. Ce petit club de salariés huppés se perpétue d’année en année, puisque neuf salariés sur dix du top 1 % faisaient déjà partie du top 10 % de leur génération quinze ans auparavant. « Faire partie des salariés les mieux rémunérés d’une génération sur le marché du travail s’accompagne ainsi très souvent d’une position élevée dans l’échelle salariale sur plusieurs années consécutives », explique l’Insee. Qui confirme que « le début de carrière, et donc les études et diplômes, seraient ainsi déterminants pour accéder au top 1 % du revenu salarial ».
le 18 novembre 2025
